Depuis juin 2023, les PV électroniques commencent à remplacer les amendes adressées par courrier. Comme prévu par notre association, elles s'accompagnent malheureusement d'une hausse inquiétante des arnaques aux faux avis de contravention. Cette dématérialisation, une révolution sur laquelle l’État communique peu, expose davantage les automobilistes aux pièges en ligne.
Au tout début de l’été 2023, l’État s’est donc mis à envoyer des PV par email. Avec une idée en tête : continuer à toujours plus matraquer les conducteurs, mais à moindre coût en faisant des économies de papier. Ces envois électroniques remplacent les avis de contravention traditionnels envoyés par courrier, qui n’arrivent dans votre boite aux lettres que si vous ignorez l’email.
Sauf que parallèlement à ce changement de méthode, une nouvelle tendance inquiétante émerge : les arnaques aux faux PV électroniques, qui ne cessent de se multiplier.
Résultat, vous avez d’un côté l’État qui commence à vous envoyer de véritables amendes par email, et de l’autre, des escrocs qui font exactement la même chose, à la différence que les leurs sont des fausses. Les deux phénomènes se télescopent et une immense incertitude plane sur l’authenticité des PV que vous pouvez recevoir par email.
Même pour les yeux avertis de notre équipe, il est parfois extrêmement compliqué de déceler les PV authentiques des arnaques. Ainsi, Philippe, un de nos sympathisants, nous a appelés pour savoir dans un premier temps s’il est bien normal de recevoir une amende dans sa boite mail. Nous lui avons confirmé que c’était bien possible et lui avons proposé qu’il nous transfère ce mail pour vérification. Le lien contenu dans son courrier électronique nous a emmenés directement sur une page internet qui ressemble comme deux gouttes d’eau au site officiel unique de télépaiement. Après confirmation auprès de l’ANTAI (Agence nationale de traitement automatisé des infractions), il s’agit d’un faux avis de paiement. Les ressemblances sont pourtant troublantes comme vous pouvez le voir ci-dessous :
Ce qui ne va pas dans le faux lien vers le paiement de l’amende :
-Il y a une faute d’orthographe à code postal qui est écrit « postale » ;
-L’adresse du site n’est pas la bonne (la seule valable est amendes.gouv.fr/tai) ;
-Il manque la précision “dont le numéro de télépaiement est présent sur la carte de paiement”. Pour le reste, c’est du travail d’artiste.
Cette difficulté à faire la différence entre un authentique PV et un faux est encore plus vraie pour les amendes de stationnement, les fameux FPS. Gérés par les municipalités, ils ne sont jamais formellement identiques d’une ville à l’autre. Il n’y a donc pas de modèle standard suffisamment fiable pour s’y référer.
Cette dématérialisation des amendes opérée par l’État a donc eu pour effet de créer un terrain encore plus fertile pour les malfaiteurs en ligne. Ces derniers profitent de la vulnérabilité du système pour tromper les automobilistes de diverses manières avec des arnaques aux faux PV électroniques qui se manifestent sous plusieurs formes :
-Emails de phishing ou d’hameçonnage : les escrocs envoient de prétendus avis de contravention par email, imitant souvent les logos et les en-tête officiels des autorités, vous incitant à cliquer sur des liens malveillants. Attention, vous allez leur révéler vos informations personnelles et financières ;
-Menaces d'amendes : les arnaqueurs envoient des emails intimidants, affirmant que vous avez une infraction impayée. Ils demandent un paiement immédiat sous peine de voir l'amende majorée ;
-Logiciels malveillants : certains faux emails de contravention contiennent des pièces jointes infectées. Si vous les ouvrez, ces fichiers peuvent compromettre la sécurité de votre ordinateur ou de votre smartphone.
Comment éviter de tomber dans ces pièges ? Comme nous vous l’avions indiqué plus haut, prudence et vérification minutieuse sont deux étapes auxquelles vous devez procéder avant toute chose. Soyez attentif aux détails de l'email, tels que l'adresse de l'expéditeur, les fautes de grammaire ou d'orthographe et/ou le contenu de l'avis. Ne payez pas sur un coup de tête. Si vous avez le moindre doute, la meilleure solution est de joindre l’ANTAI (Agence nationale de traitement automatisé des infractions) :
-0806 606 606 pour les infractions concernant les radars automatiques ;
-0806 609 625 pour le procès-verbal électronique (PVe) : stationnement gênant et interception ;
-0806 607 145 pour le forfait de post-stationnement (FPS) usagers ;
-0806 605 381 pour les amendes délictuelles.
Par ailleurs, sachez que l’ANTAI n’envoie jamais de PV par SMS. Toute réception d’un message vous invitant à régler ou à prendre connaissance d’une amende doit être considérée comme une tentative d’arnaque.
À l’ère de la transition numérique, il est impératif de protéger les droits des conducteurs. Recevoir une amende ne doit pas s’accompagner de la crainte de devenir victime d'escroqueries en ligne. Il revient à l’État de mettre suffisamment de moyens pour mettre fin à ces tentatives d’arnaques, puisque c’est bien son autorité qui est usurpée. Enfin, il est impératif que le processus d'envoi par email, censé être « un système sûr et équitable, […] rigoureux pour toutes les personnes verbalisées » selon l’ANTAI, soit revu et corrigé afin de réduire les risques pour les conducteurs.