Ségolène Royal veut autoriser les maires à abaisser la vitesse à 90 km/h sur les autoroutes qui passent près de leur ville. Le prétexte est de réduire la pollution. Cette mesure, injuste pour les conducteurs, est aberrante : la circulation a peu de poids sur la pollution totale, et il existe bien d’autres mesures permettant de réduire efficacement la pollution près des routes.
Le 4 août 2015, Ségolène Royal a annoncé qu’elle voulait autoriser les maires à abaisser la vitesse de 130 à 90 km/h sur les autoroutes circulant près de leur ville. Autant installer des panneaux « Autoroute : ralentir ! »
On aurait pu s’attendre ici à un argument de sécurité routière, les pouvoirs publics ayant pour habitude d'incriminer systématiquement la vitesse pour expliquer la mortalité routière, afin de mieux justifier leur politique répressive.
Sauf que les autoroutes étant, de loin, le réseau routier le plus sûr, avec seulement 7 % d'accidents mortels, l’argument de la sécurité ne pouvait pas fonctionner ici. En outre, beaucoup de Français savent désormais, grâce aux campagnes répétées de la Ligue de Défense des Conducteurs, que vitesse et mortalité ne sont pas liées. Il fallait donc trouver une autre raison à cette énième diminution de vitesse : cette fois-ci, c'est donc l'argument de la pollution qui est sorti du chapeau.
Cette mesure, en plus d'être injuste pour les conducteurs, risque d'être contre-productive en matière de sécurité routière. Passer de 130 à 90 km/h, soit une baisse de 40 km/h d’un coup, engendrera nécessairement des freinages brutaux en dehors de tout danger imminent : voilà une mesure dangereuse pour les conducteurs.
Mais surtout, pour réduire la pollution sur autoroute, ou même sur route, il existe d’autres méthodes que de pénaliser encore et toujours les conducteurs en abaissant la vitesse.
La Suisse expérimente ainsi des cultures de micro-algues au-dessus des routes pour capter le gaz carbonique qui naît de la circulation automobile.
Par ailleurs, en France, les résidus de la culture des micro-algues pourraient bientôt être utilisés pour fabriquer une alternative au bitume issu du pétrole. Ces recherches sont menées notamment par l’Ifsttar (Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux), dans le cadre du projet Algoroute.
Les déchets de l’industrie agroalimentaire sont aussi étudiés pour devenir les matières premières des routes. Ces dernières pourraient, dans l’avenir, contenir une part croissante de matériaux recyclés.
De même, il existe des revêtements capables d’absorber les oxydes d’azote, comme celui, baptisé NOxer, qu’a expérimenté dès 2006 à Dinan une filiale de Vinci. Un procédé similaire baptisé Ecogranic a été mis en œuvre à partir de 2012 à Marseille.
Parmi les pistes de réflexion, citons aussi les pneus verts ou « energy saver », composés en grande partie de silice : développés par différentes entreprises dont Michelin, ils ont une moindre résistance au roulement. Ils durent ainsi plus longtemps et réduisent la consommation de carburant et donc l’émission de CO2.
L’éventail de solutions pour réduire la pollution sur les routes est donc large, indépendamment de la réduction des vitesses réglementaires.
En conséquence, il importe de lutter contre la mesure stupide et injuste que constitue la restriction à 90 km/h de la vitesse sur autoroute. Dès l’annonce du projet, la Ligue de Défense des Conducteurs a donc lancé une grande pétition qui a rassemblé déjà plus de 192 000 signatures. Si ce n’est pas déjà fait, cliquez ici pour accéder à la pétition et vous aussi, dire « NON au 90 km/h sur autoroute ! ».