Paris, le 12 octobre 2022 – Suite à l’emballement médiatique suscité par l’information lâchée par le gouvernement au printemps, répondant à une question de la Ligue de Défense des Conducteurs relayée par la sénatrice du Var Françoise Dumont – 58 % des excès de vitesse sont inférieurs à 5 km/h –, Gérald Darmanin avait évoqué la possibilité de ne plus retirer de point de permis pour ces infractions, hors agglomération. Insuffisant, selon notre association, qui avait aussitôt lancé une pétition exigeant « Zéro sanction pour les mini-dépassements ». Reçus hier au ministère de l’Intérieur pour porter la parole de nos plus de 162 000 signataires, nous déplorons que le gouvernement reste campé sur sa position : la sanction pécuniaire est maintenue. Quant à la date à laquelle le point ne sera plus retiré, elle reste carrément nébuleuse. Une seule chose est sûre : ce ne sera pas pour 2022.
« La volonté, ici au ministère de l’Intérieur, reste de diminuer la pression sur les automobilistes pour ces mini excès de vitesse. Nous souhaitons soulager cette pression en jouant sur les points, pas sur l’amende. » C’est avec ces mots que Nicolas Gariel, chargé de mission représentant le colonel François-Xavier Lesueur, référent Sécurité routière de Gérald Darmanin, a confirmé à la Ligue de Défense des Conducteurs que le processus qui mènera à l’abandon du retrait d’un point sur le permis de conduire, dans le cas d’un dépassement de vitesse inférieur à 5 km/h, (hors agglomération) est bel et bien sur les rails.
« Évidemment, nous sommes en colère, s’irrite Nathalie Troussard, Secrétaire générale de l’association. Il ne s’agit même pas d’une demi-victoire. Certes, nous demandions l’abandon du retrait de point pour ces infractions hors agglomération, mais également la suppression de l’amende. Ce, bien avant que Gérald Darmanin ne s’exprime sur le sujet… Mais acter l’un sans l’autre, cela revient à reconnaitre que ces mini-dépassements de la vitesse autorisée ne sont pas dangereux. En maintenant la sanction pécuniaire, le gouvernement entérine purement et simplement la politique de racket par les radars ! »
Pire, cette maigre obole lâchée aux conducteurs est encore loin d'être mise en application : « Pour mettre en œuvre cette décision, techniquement, ça prend du temps. Tout ce que je peux vous dire, c’est que ce ne sera pas pour 2022 » nous a indiqué le chargé de mission. Lequel précise que cette mesure s’accompagnerait « d’un durcissement de la pression sur les grands excès de vitesse. »
« Sans surprise, la répression routière reste donc focalisée sur la vitesse, tranche Nathalie Troussard. La preuve, c’est qu’en 2021, 70 % des 14,6 millions de points perdus étaient liés à un excès de vitesse, contre 3,5 % pour cause d’alcoolémie et 1,7 % pour usage de stupéfiants. Tout est dit. »
Le Projet de loi de finances 2023 annonce 4 600 radars pour 2023, dont 700 radars urbains (+ 600 % !) et 400 voitures-radars dont la conduite est de plus en plus fréquemment déléguée à des salariés d’entreprises privées dépourvu de toute mission de prévention ou de sécurité routière. La moisson des points prélevés sur les permis va malheureusement pouvoir continuer avant que l’abandon du retrait d’un point pour les dépassements de vitesse de moins de 5 km/h hors agglomérations ne devienne réalité. L’abandon du PV à 68 €, lui, n’est pas pour demain…
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