Assemblée nationale : la Ligue de Défense des Conducteurs alerte les députés sur l’urgence de suspendre les Zones à faibles émissions

Sacré casse-tête que la mise en place des Zones à faibles émissions ! Alors que la Ligue de Défense des Conducteurs ne cesse de tirer la sonnette d’alarme sur la mise en place de ce dispositif socialement explosif, notre association a été auditée le 14 septembre à l’Assemblée nationale. Les députés n’ont pas été déçus : nous leur avons bien confirmé qu’en l’état, ces fameuses ZFE allaient mettre notre pays en ébullition.

16 millions de véhicules. Vous avez bien lu : lorsque les ZFE seront mises en place (processus bouclé pour les 10 principales métropoles au 1er janvier 2025, au moins entamé pour les 35 autres), 16 millions de véhicules y seront interdits de circulation ! Soit 40 % du parc roulant actuel… Vous pensez être épargné parce que vous habitez loin des grandes métropoles ? Erreur : à la moindre occasion, lorsque vous voudrez vous rendre au cinéma, voir des amis ou rendre visite à des proches à l’hôpital, vous en serez empêché si votre véhicule arbore une vignette Crit’Air 3, 4, 5 ou Non classé (a minima, puisque Paris ou encore Strasbourg ont d’ores et déjà annoncé leur volonté de bouter les Crit’Air 2, autrement dit tous les diesels, hors de leurs murs).

À mesure que l’échéance d’instauration de cette délirante mesure de restriction de circulation se rapproche (lire notre récent article sur le sujet), l’imminence d’un mouvement social explosif commence à effrayer nos élus. Il est temps ! Or, c’est à bord de ce navire qui prend l’eau de partout que les députés de la Commission flash chargés de bûcher sur les « mesures d’accompagnement de la création de zones à faibles émissions » ont invité la Ligue de Défense des Conducteurs à monter, dans le cadre d’une audition à l’Assemblée nationale, qui s’est déroulée le 14 septembre. Une occasion en or pour notre association, représentée par Nathalie Troussard, secrétaire générale et Alexandra Legendre, responsable du pôle Études et communication, de dénoncer toutes les incohérences de cette mesure mal née.

Mais avant tout, petit moment de satisfaction : en conviant notre association à exposer notre point de vue, les députés reconnaissent implicitement la qualité du travail que nous avons entamé voilà de nombreuses années pour sensibiliser nos sympathisants en premier lieu, mais aussi tous les Français. Commençons donc par vous remercier ici. Par votre soutien, vous nous avez permis par exemple de produire une étude extrêmement pointue l’an dernier sur le sujet. Souvenez-vous, avec « ZFE : la Grande cacophonie », nous alertions de manière extrêmement concrète sur les incohérences engendrées par la mise en place de cette mesure, sur le mauvais ciblage des accompagnements financiers pour l’achat de nouveaux véhicules, sur la porte ouverte à une verbalisation des conducteurs à large échelle… Mais c’est aussi grâce à vos témoignages et l’intérêt que vous portez à toutes nos initiatives sur le sujet (intégration de groupes de travail dans la filière automobile, chroniques dans les médias, interpellation des candidats à l’élection présidentielle, etc.) que la Ligue de Défense des Conducteurs est apparue comme votre incontournable porte-voix.

Mais revenons à « nos » ZFE. Enfin, aux « leurs ». Alors que les députés de la commission ont convenu à demi-mot que le calendrier d’application sera difficilement tenable, nous avons rappelé vos principales préoccupations : ne plus pouvoir vous déplacer dans vos véhicules individuels en toute liberté, voir émerger des inégalités sociales et territoriales, et ne pas trouver de solutions en adéquation avec vos contraintes quotidiennes. Pour rappel, vous êtes déjà plus de 130 000 à avoir signé notre pétition « Pour une suspension des ZFE, zones de restriction massive de circulation »…

C’est qu’au fil du temps, nous en avons relevé, de révoltants manquements de l’État sur ce sujet. Nous avons notamment rappelé le flagrant déficit d’information. À cause de ce silence qui n’est pas loin de passer pour de la lâcheté (pardi, avertir les Français qu’ils ne pourront bientôt plus utiliser leurs voitures à leur convenance, c’est chaud bouillant !), 60 % d’entre nous ignorent encore totalement de quoi il retourne.

Passons sur la difficulté d’identifier toutes les subventions auxquelles on a droit si on a la chance de pouvoir changer de voiture, ou sur l’impossibilité, à ce jour, de consulter une liste de dérogations permettant de circuler malgré une « mauvaise » vignette, ou encore sur les limites du leasing social, promesse d’Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle. OK, l’État travaille dessus… Mais cette offre, limitée à 100 000 personnes et proposant un loyer de 100 € « seulement » (sachant que 100 €, ça ne se trouve tout de même pas sous le pas d’un cheval) pour une voiture 100 % électrique, reste éloignée de la plupart des besoins en mobilité, en particulier en milieu rural…

S’il nous semble juste de souligner que les députés qui nous ont reçus ont marqué beaucoup d’empathie envers les futures « victimes » des ZFE et une volonté affirmée de limiter la casse, il apparait tout de même proprement ahurissant que cette consultation ait lieu si tard dans le processus de mise en place des ZFE… Mise en place qu’il faut tout simplement suspendre, comme le propose notre pétition (signez-la !), afin de n’écarter personne de la transition écologique. Depuis longtemps déjà, la Ligue de Défense des Conducteurs avertit sur le « délit de pauvreté » que cette mesure ne manquera également pas d’engendrer. Ca y est, on y est presque.