Généreux avec l’État, les automobilistes français. Et pas rancuniers, malgré tous les reproches qui leur sont faits : en 2019, ils ont contribué à hauteur de 86,4 milliards d’euros aux recettes de la France (dernières données disponibles), sous la forme de taxes sur la consommation automobile. Pas suffisant, considère la Direction générale du Trésor, qui considère que les usagers de la route ne mettent pas suffisamment la main au portefeuille.
Suppression de places de stationnement, restrictions de circulation dans les ZFE (Zones à faibles émissions), radars en pagaille… Les automobilistes sont mal vus dans notre pays. Pourtant, outre leur activité propre, ils aident financièrement l’Etat à se maintenir à flot et à assurer ses missions. Les chiffres parlent d’eux-mêmes.
3 442 € par ménage motorisé
Comme le montre le Guide des taxes 2021 de l’ACEA (Association des constructeurs automobiles européens), en France, l’État a perçu, en 2019, 86,4 milliards d’euros de taxes automobiles, soit une hausse de 2,85 % par rapport à 2018. Rapporté aux recettes nettes fiscales encaissées cette année-là (278,4 milliards d’euros), les conducteurs ont donc contribué à hauteur de 31 % au budget de notre pays. Sachant que 86 % des 29,1 millions des ménages sont motorisés, chacun d’entre eux a ainsi versé 3 442 € dans les caisses de l’État en 2019.
Le triste podium des taxes auto
Pour arriver à des chiffres aussi faramineux, quels sont nos « champions » de la pince à billets ? Il y a d’abord les carburants et lubrifiants, qui nous coûtent 43,1 milliards ! Là encore, ce butin étatique est en hausse par rapport à 2018, où il représentait déjà 42,8 milliards d’euros. Il faut dire que, pour la vente de mille litres de carburant, l’État empoche 683 euros quand il s’agit d’essence et 594 euros quand c’est du gazole. Sur la deuxième marche du podium, figure la TVA sur les ventes de véhicules, la réparation, les pièces… avec 20,3 milliards d’euros au compteur. Pas de surprise, c’est encore supérieur à l’année précédente, où il était question de 18,5 milliards d’euros. La troisième place témoigne aussi d’un haut niveau de prélèvement : ce sont les péages qui, à 13 milliards d’euros, dépassent également leur montant de 2018 (12,6 milliards d’euros).
N’oublions pas les PV !
Tout à ce décompte de nos frais quotidiens de conducteurs, il ne faut pas oublier que parallèlement, les PV ne cessent pas de tomber. La Cour des comptes rappelait d’ailleurs récemment que les recettes des amendes de circulation et de stationnement pour 2020 pèsent 1,387 milliard d’euros, dont 553 millions dus aux radars.
Dans les tiroirs, des péages urbains et une nouvelle hausse des tarifs de stationnement
Pensez-vous qu’ayant atteint ces sommets de taxation, les autorités se mettent à calmer le jeu ? Naïfs ! Au contraire, en ce même mois d’avril 2021 où sortent les chiffres de l’ACEA et de la Cour des comptes, une note de la Direction générale du Trésor estime que les usagers de la route ne paient souvent pas assez le droit de circuler. En pareil cas, les auteurs indiquent qu’« il vaudrait mieux que le déplacement n’ait pas lieu ». Mais si vous roulez quand même, ils envisagent la possibilité d’instaurer des péages urbains dans les grandes agglomérations. Pour autant, les petites villes ne sont pas oubliées et « pourraient être encouragées […] à relever globalement leurs tarifs de stationnement […]. »
Alors même que les constructeurs automobiles sont lourdement endettés, les conducteurs qui achètent des voitures font vivre ces entreprises et, au passage, l’État. Pourtant ils sont encore perçus par celui-ci comme des vaches à lait. Face aux sommes sidérantes qui sont exigées de tous ceux qui ont simplement la nécessité de circuler, la Ligue de Défense des Conducteurs milite pour que soit enfin reconnue la contribution de ces derniers à la santé économique de notre pays.