Annoncé par le Premier ministre, l’abaissement de la vitesse à 80 km/h repose sur des arguments et des chiffres qui sont faux. Accidentalité, vitesse moyenne, distance de freinage : la propagande gouvernementale tourne à plein régime, et ce malgré une expérimentation de l'abaissement à 80 km/h notoirement "bidonnée".
Le 9 janvier 2018, sans la moindre concertation, le Premier ministre annonçait devant le Conseil interministériel de la sécurité routière le passage à 80 km/h de l’ensemble du réseau secondaire. Or, outre les multiples raisons martelées par votre association pour ne pas abaisser la vitesse, les chiffres avancés par le gouvernement pour justifier cette mesure sont tout simplement faux.
À 80 km/h : plus de victimes d’accidents
Les chiffres fournis par le ministère de l’Intérieur et par la Sécurité routière diffèrent de ceux avancés par le Premier ministre. En effet, sur les trois tronçons expérimentés à 80 km/h et durant une période de 18 mois entre juillet 2015 et décembre 2016 (les chiffres de 2017 n’étant pas encore disponibles), le nombre de victimes d’accidents est plus important que sur les trois périodes de 18 mois précédentes et limitées à 90 km/h.
Entre juillet 2015 et décembre 2016, sur les tronçons à 80 km/h de la RN 7, RN 57 et RN 151, 43 victimes sont à déplorer dont 3 morts, 19 blessés graves et 21 blessés légers. Si le Premier ministre parle de baisse du nombre de victimes grâce à la réduction de limitation de vitesse, les chiffres entre juillet 2014 et juin 2015 (34 victimes), entre juillet 2012 et décembre 2013 (29 victimes), et entre janvier 2011 et juin 2012 (20 victimes) affirment pourtant le contraire. N’en déplaise aux pouvoirs publics, le nombre de victimes de la route a été plus important à 80 km/h qu’à 90 km/h.
Sur les routes à 90 km/h, la vitesse moyenne est stable depuis 2009.
Dans son discours du 9 janvier, Edouard Philippe justifie la baisse de la limitation de vitesse à 80 km/h en insistant sur une hausse de la vitesse moyenne depuis 2012. Or d’après l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière, sur les routes à 90 km/h, les vitesses moyennes pratiquées sont stables depuis 2009.
Par ailleurs, si la Sécurité routière annonce une baisse de la vitesse moyenne sur les tronçons à 80 km/h, le nombre de victimes d’accidents enregistré à la hausse sur ces tronçons, démontre bien qu’une diminution de la vitesse réglementaire n’a pas d’impact sur l’accidentalité. A titre d’exemple, le Danemark a même augmenté ses limitations de vitesses de 80 à 90 km/h à la suite d’expérimentations concluantes.
Des distances de freinage presque deux fois plus courtes que ce qu’annoncent les autorités
Pour justifier sa décision, le Premier ministre annonce qu’à 90 km/h, à partir du moment où le conducteur décide de freiner, la distance de freinage est de 70 mètres et qu’à 80 km/h il faut 57 mètres pour s’arrêter.
Une nouvelle fois, ni les chiffres publiés par la Sécurité routière, ni ceux fournis par Michelin ne correspondent à ceux annoncés par le Premier ministre. En effet, d’après des tests validés par la sécurité routière elle-même en 2016, sur une Renault Clio, voiture la plus vendue en France, à 90 km/h et temps de réaction compris, la voiture met moins de 44 mètres pour s’arrêter. Soit presque deux fois moins que ce qu’annonce Edouard Philippe.
L’entreprise Michelin, spécialiste mondial des pneumatiques estime même qu’une voiture roulant à 100 km/h peut freiner sur 34 mètres. 62 mètres en incluant une seconde de temps de réaction. On est très loin des chiffres du discours gouvernemental !
Ensemble, nous devons poursuivre notre combat pour lutter contre la propagande et les mensonges éhontés déployés par le gouvernement pour justifier sa mesure stupide et contre-productive d'abaissement !