De longs mois de travail nous ont été nécessaires pour rédiger notre nouvelle étude, consacrée aux voitures-radars privatisées. C’est que l’omerta règne sur ces véhicules banalisés, conduits par des chauffeurs salariés de sociétés privées payés pour fliquer le moindre kilomètre-heure au-delà de la limitation de vitesse, sans la moindre mission de prévention. Une usine à cash pour l’État, à stress pour les automobilistes, dont la politique de sécurité routière ne ressort pas grandie.
Les conducteurs les rejettent, les forces de l’ordre y sont hostiles, les élus sont loin d’être convaincus… même les chauffeurs qui les conduisent se plaignent des voitures-radars privatisées !
Ces conclusions sont le résultat du gros travail d’enquête et de recueil de témoignages que la Ligue de Défense des Conducteurs a réalisé pour rédiger sa nouvelle étude choc, intitulée « Voitures-radars privatisés : le scandaleux détournement de la sécurité routière ».
Cinq ans après leurs débuts en Normandie, notre association a voulu faire le point sur le déploiement, la rentabilité et l’efficacité de ces véhicules-radars qui ne sont plus conduits par les forces de l’ordre, mais par des salariés de sociétés privées. Avec beaucoup de difficultés du monde, puisque l’omerta règne autour du sujet.
Pour rappel, c’est en 2018 que s’est concrétisée l’idée tordue (et 100 % française !) de confier le volant de voitures-radars à des salariés et non plus à des gendarmes ou à policiers. Début 2023, celles-ci étaient officiellement 223 à circuler dans huit régions. Elles seront 400 à terme. Ce recours à des chauffeurs privés permet de multiplier par six le nombre d’heures durant lesquelles ces véhicules sévissent, à la chasse du moindre kilomètre-heure au-dessus de la limitation de vitesse. Si on attend toujours les résultats concrets sur la sécurité routière, on peut d’ores et déjà évaluer le potentiel de rentabilité pour l’État : avec 400 véhicules, on dépassera les 94 millions d’euros nets annuels !
Aux témoignages de nos sympathisants, nous avons ajouté la parole de représentants des forces de l’ordre, d’élus locaux… tous vent debout contre l’abandon manifeste par l’État d’une des missions régaliennes : la sécurité routière. Que les véhicules restent la propriété du ministère de l’Intérieur et que leurs trajets quotidiens soient déterminés par les préfets ne justifie en rien leur présence sur les routes. Sournoises car indétectables, flashant incognito grâce à la technologie infrarouge, interdites d’intervention en cas de comportement dangereux d’autres conducteurs, elles engendrent un stress contre-productif auprès des usagers, davantage préoccupés à « coller » aux moindres variations de limitations de vitesse – elles pullulent dans notre pays – plutôt que de se concentrer sur les dangers de la circulation.
Avec cette nouvelle étude, la Ligue de Défense des Conducteurs vise un seul objectif : le retrait, le plus rapidement possible, de ces véhicules de la circulation. Dépourvues de véritable mission de sécurité routière, les voitures-radars privatisées sont en effet l’expression la plus caricaturale d’une politique de sécurité routière quasi uniquement focalisée sur la vitesse, dont seules les caisses de l’État tirent bénéfice. Avec les limites que l’on sait : la mortalité sur les routes n’a quasiment pas bougé depuis dix ans.
Pour télécharger notre nouvelle étude, cliquez ici.