Rodéos, litiges et Big Brother : : la Ligue de Défense des Conducteurs met en garde contre les caméras embarquées
Depuis quelques semaines, sous couvert de sécurité, des intervenants bien intentionnés suggèrent avec force présence médiatique l’installation de Dashcam, petites caméras, à placer sur le tableau de bord de son véhicule … pour enregistrer tout qui se passe (devant). On les comprend : un marché de 38 millions de voitures à équiper représente un marché juteux, sachant que chacune de ces petites boîtes noires est facturée entre 30 et 200 € pièce.
En tout cas, ces caméras ne font pas l’unanimité.
Des conducteurs responsables s’inquiètent déjà des dérives que ne manqueront pas d’engendrer ces caméras. Non seulement ces appareils ne préviennent pas des accidents, pire encore, ilspourraient en être à l’origine.
Combien de geeks auront plaisir à mettre en ligne leurs petits exploits ? Que ne ferait-on pas pour animer un prochain rodéo ou une séquence choisie d’un vidéo-gag ? Les réseaux sociaux russes et américains ne sont-ils pas déjà envahis par les reportages fracassants des Fangio d’un jour ? Combien d’accidents risquent de se produire, pour alimenter ces chroniques spectaculaires ?
« C’est la porte ouverte à une surenchère suicidaire. Les pare-brise sont déjà envahis d’appareils à ventouse. Et on ose nous vanter les mérites d’un nouveau distracteur de conduite…» s’insurge Christiane Bayard, secrétaire générale de la Ligue de Défense des Conducteurs.
Par ailleurs, pour devenir un véritable élément de preuve, on peut raisonnablement penser que seuls les appareils les plus sophistiqués et donc plus onéreux seront retenus.
Pour l’instant, aucun appareil n’a fait l’objet d’un agrément particulier. Dans ce sens, comme pour les radars ou les tachygraphes des camions, ces caméras embarquées seront rapidement appelées à être homologuées, scellées, contrôlées, horodatées et pourquoi pas géo-localisées ? Autant de motifs pour un passage régulier devant un spécialiste agréé et de frais d’entretien supplémentaires pour les véhicules. L’arroseur ne sera pas loin d’être l’arrosé.
Même les compagnies d’assurances déchanteront lorsqu’elles devront faire face à une recrudescence de litiges pour le moindre petit accrochage avec des heures de films à visionner et à exploiter. Sans parler des tribunaux qui devront faire face à un surcroît de procédures.
Pour Christiane Bayard, « les fabricants sont plus sensibles à la rentabilité de leur business qu’à la sécurité routière. Ils n’espèrent qu’une chose : voir ces caméras devenir obligatoires. Pour les conducteurs, le danger est de se voir bientôt imposer une véritable laisse électronique ».
Ce système est loin d’être la panacée. Avec des caméras ayant la possibilité de filmer également l'intérieur du véhicule, elles pourront devenir de véritables mouchards et offrir autant d’occasions de verbaliser même a posteriori le moindre écart de conduite. « Le spectre de Big Brother n’est pas loin ! » souligne Christiane Bayard.
Saisie par les conducteurs, la LDC émet les plus grandes réserves sur ces nouveaux gadgets sans réel rapport avec la sécurité routière et rappelle que pour la sécurité de tous sur la route, rien ne remplace un conducteur vigilant et responsable. La LDC s’est donc mise en veille active sur le sujet, et se tient prête à lancer une grande mobilisation.
Contact : Christiane BAYARD – Secrétaire Générale
06.11.29.47.69 / 01.40.01.06.51
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