De nombreuses villes ont confié leurs services de fourrière automobile à des prestataires privés dont l’unique objectif, bien loin du service et de la sécurité de tous, est la politique du chiffre. Avec 250 000 véhicules enlevés chaque année à Paris, 40 000 à Lyon et Marseille, c’est un marché très lucratif qui est garanti pour quelques entreprises choisies sur le volet, et qui se fait encore une fois sur le dos des conducteurs !
Des tarifs qui n’en finissent pas d’augmenter, des pratiques abusives, et une politique du chiffre assumée, avec la bénédiction des pouvoirs publics : la gestion des fourrières est de plus en plus contestable et les scandales se multiplient. Au bout de la chaîne, c’est le conducteur qui trinque.
Les scandaleux abus des fourrières parisiennes
Sous le feu des critiques depuis quelques années, les fourrières parisiennes continuent leur course à la rentabilité et ce au détriment des conducteurs. Avec un véhicule enlevé toutes les deux minutes, les grues des quatre sociétés opérant sur ce juteux marché multiplient les allers-retours dans des zones privilégiées, qui se situent juste à côté des fourrières, et ce avec la complicité assumée des pouvoirs publics ! Il faut aller très vite pour faire le maximum de chiffre : les sociétés sont payées forfaitairement au nombre de véhicules enlevés.
Résultat : les grutiers s’attaquent aux véhicules les plus petits et faciles à enlever et non pas aux plus gênants. Le maire du XVème arrondissement, Philippe Goujon, explique ainsi : « On ne ramasse pas celles qui gênent vraiment mais celles qui rapportent de l’argent vite ». Et dans la précipitation, aucun scrupule pour les voitures qui sont souvent détériorées et abîmées. À tel point qu’une liste de grutiers générant trop de contentieux a été établie par la Préfecture de police. Si le taux de véhicules abîmés est élevé, les autorités se gardent bien de le communiquer !
Par ailleurs, les tarifs des fourrières n’en finissent pas d’augmenter. Depuis deux ans, les frais d’enlèvement dans la capitale sont ainsi en hausse de 19 % quand les frais de garde journaliers, eux, ont augmenté de 190 % ! Un juteux marché de 38 millions d’euros que se partagent les sociétés de fourrières, la mairie et le Syndicat des Transports d’Île-de-France, devenu Île-de-France Mobilités. Pour le conducteur, la note est salée : aux 150 euros ponctionnés pour l’enlèvement du véhicule, et aux 29 euros de frais de garde journaliers, s’ajoute une amende de stationnement de 135 euros.
Des excès que subissent les conducteurs sur l’ensemble du territoire
La capitale ne détient pas seule le record du nombre d’abus des fourrières. Dans de nombreuses villes, les conducteurs subissent aussi les excès de cette politique de rentabilité à tout prix. À Lyon, Marseille et Toulouse, les tarifs sont ainsi passés en deux ans de 113 à 126 euros pour les frais d’enlèvement, et de 6 à 10 euros pour les frais de garde journaliers. Soit des augmentations respectives de 11,5 % et 66,6 %.
En outre, certaines sociétés travaillent dans la plus grande illégalité. À Lyon par exemple, certains véhicules ont des plaques d’immatriculations non conformes. Si certaines grues roulent avec des plaques belges, d’autres n'ont tout simplement pas les mêmes plaques à l’avant et à l’arrière, ce qui est évidemment interdit ! Mais, si pour les conducteurs, le code de la route est implacable, il n'en est visiblement pas de même pour ces si rentables véhicules d'intervention...
À Marseille, en trois ans, le nombre de véhicules enlevés a augmenté de 22,7 %. La recette ? Un nouveau marché public pour augmenter les mises en fourrière, la généralisation de la vidéosurveillance pour contrôler le stationnement, mais surtout des créneaux horaires d’enlèvement élargis durant la nuit. L’objectif est clair : accroître la rentabilité !
Malgré ces excès de plus en plus nombreux, c’est visiblement la course au chiffre qui intéresse les élus. Les villes qui gèrent encore leurs fourrières veulent ainsi désormais les privatiser pour augmenter leurs ressources. La ville de Metz par exemple veut privatiser son service de fourrière pour réduire le déficit municipal de ce service qui accuse un trou de 50 000 euros. Objectif : le rendement. Le futur délégataire devra ainsi passer de 1 800 véhicules par an mis à la fourrière à 3 600 voitures.
À l’heure d’une réforme du stationnement en janvier prochain, la Ligue de Défense des Conducteurs reste vigilante pour lutter contre ces scandaleux abus et proposer aux élus des alternatives au service de l’intérêt des conducteurs.