Alors que les chiffres définitifs de la mortalité routière en 2016 en France viennent d’être publiés, avec 54 décès par million d’habitants, l’Hexagone reste dans le groupe des mauvais élèves européens. A contrario, avec 26 morts par million d’habitants en 2016, la Suisse est récompensée par l’Europe pour ses bons résultats en matière de sécurité routière. N’en déplaise aux pouvoirs publics français, installer un radar derrière chaque conducteur ne fonctionne pas !
Le Conseil européen pour la sécurité des transports (ETSC) vient de récompenser la Suisse pour les résultats efficaces de sa politique de sécurité routière. Le Prix index de performance en sécurité routière (PIN Award) gratifie ainsi chaque année un pays ayant réussi à faire baisser durablement la mortalité routière. Et nous en sommes très loin : avec une baisse de 15 % de la mortalité entre 2015 et 2016, la Suisse fait même figure d’exemple pour la France qui a enregistré une hausse de 0,5 % sur la même période.
À l’échelle de l’Europe, les données publiées par la Commission européenne classent la France parmi les mauvais élèves. La mortalité de l’Union européenne est ainsi en baisse de 2 % par rapport à 2015, avec 50 morts par million d’habitants, contre 54 pour la France.
Pourquoi les autres pays européens arrivent-ils à avoir de meilleurs résultats que la France en matière de sécurité routière ? La réponse est simple, et à l'inverse de la politique du tout-radars en France, cela commence par des infrastructures bien entretenues !
Selon Jürg Röthlisberger, directeur de l’Office fédéral des routes suisses, des routes plus sûres et bien entretenues, des services de secours efficients, des véhicules plus sûrs, ainsi qu’une amélioration des comportements des usagers ont permis d’obtenir ces bons résultats. Par ailleurs, le programme « Via sicura » lancé en 2013 au travers de 20 mesures comme par exemple l’obligation d’avoir les feux allumés toute la journée participe à la réduction de la mortalité chez nos voisins helvètes.
Si, selon l’ETSC, les réductions des dépenses publiques dans certains pays ont conduit à réduire le nombre des forces de l’ordre disponibles pour les contrôles ciblés et entraîné une baisse des budgets liés à l’entretien des routes, la sécurité des infrastructures fait partie des priorités des autorités suisses.
De plus, un projet de résolution adopté le 2 juin 2016 par la Commission européenne et relatif à la sécurité routière1 recommande aux États membres de l’Union de : « consacrer obligatoirement 10 % des dépenses en infrastructures routières à la sécurité ».
Contrairement à la France où la baisse des dotations de l’État fragilise l’action des collectivités pour l’entretien des routes, en Suisse, un nouveau Fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération (FORTA) mettra, dès 2018, 4,2 milliards d’euros à disposition du réseau routier.
L'an dernier, c’est la Norvège qui avait été récompensée, notamment pour sa lutte contre les collisions frontales avec la mise en place sur tous les grands axes de barrières centrales, ainsi que pour le renforcement de la formation et de la prévention pour les jeunes conducteurs.
Au lieu de faire des radars l'alpha et l'oméga d'une politique de sécurité routière visiblement inefficace, les pouvoirs publics français devraient s’inspirer de ces exemples pour permettre, avec des méthodes pragmatiques, de remettre les conducteurs au cœur de la politique de sécurité routière et parvenir enfin à des résultats efficaces.
Palmarès des pays récompensés par l’ETSC pour leurs bons résultats en matière de sécurité routière
2017 : Suisse
2016 : Norvège
2015 : Slovénie
2014 : Slovaquie
2013 : Danemark
2012 : Hongrie
2011 : Lituanie et Suède
2010 : Irlande et Estonie
Source : European Transport Safety Council
[1]« La sécurité routière en Europe, une priorité en matière de santé publique ». Projet de résolution adopté à l’unanimité par la Commission le 2 juin 2016.