Première marche vers la voiture autonome, les aides à la conduite apportent du confort et de la sécurité mais comportent aussi des risques. Pour que les conducteurs bénéficient vraiment de ces progrès techniques, ils devraient avoir droit à une formation continue aux nouvelles fonctions des véhicules. Sans cela, seront-ils capables de pallier une défaillance de la conduite automatisée ?
Avant même la généralisation de voitures sans conducteur, les aides à la conduite constituent une étape vers l’autonomie et sont déjà largement diffusées.
Par exemple, le freinage d’urgence automatique permet d’éviter des accidents ou d’en réduire la gravité : le véhicule alerte le conducteur d’un danger et freine si le conducteur ne réagit pas à temps. D’autres fonctions aident le conducteur à corriger sa trajectoire. Autre progrès, le freinage anti-multi-collision : quand une voiture a un accident, ce système la freine afin de réduire son énergie cinétique et d’éviter une deuxième collision avec un autre véhicule ou un obstacle de bord de route.
Certains véhicules disposent de fonctions autonomes si développées qu’elles ne sont pas toutes activées car elles sont en avance sur la législation. En effet, à ce jour, le conducteur doit être apte à reprendre le volant.
En effet, les aides à la conduite comportent aussi des risques : leurs capteurs (caméras, radars, etc.) peuvent avoir une perception erronée de leur environnement. Il en va ainsi du lidar, technique qui mesure les distances et permet au véhicule qu’elle équipe de repérer des obstacles ou d’autres véhicules : des chercheurs ont établi que dans certaines circonstances, le lidar pourrait être aveuglé ou détecter des obstacles fantômes. Or il est d’autant plus important qu’un véhicule autonome ait une juste perception de son environnement que les véhicules seront bientôt connectés les uns aux autres et s’échangeront des informations sur l’état de la route.
En outre, avec les aides à la conduite, les conducteurs s’habituent à déléguer leur attention. Ils perdent ainsi en vigilance et en expérience. Aussi, lorsqu’ils se trouvent dans l’obligation de réagir par eux-mêmes, ils peinent à déterminer ou mettre en œuvre l’action appropriée : actuellement, les conducteurs d’une voiture autonome mettent ainsi, en moyenne, quatre secondes à remettre les mains sur le volant. Or le temps de réaction est capital, notamment en matière de freinage.
Le cheminement vers la voiture autonome suppose donc une formation continue à la conduite. En effet, il est crucial d’être en état de « reprendre le volant », c’est-à-dire de conduire sans certaines aides. Il faut également savoir utiliser les nouvelles fonctions du véhicule : les constructeurs devraient être tenus de fournir aux acheteurs de leurs véhicules quelques heures de formation à ce sujet. En effet, être sur la route et découvrir que l’on ne sait pas comment enclencher ou interrompre tel ou tel automatisme, est une source d’inquiétude voire d’insécurité. La description de telles fonctions dans le manuel du véhicule ne remplace pas la formation à ces dispositifs.
Or d’après une étude du Cerema, sur les routes hors agglomération, « dans 29 % des accidents mortels étudiés, le caractère nouveau du véhicule a été un facteur à l’origine de l’accident. ». En effet, cette nouveauté peut entraîner un défaut de maîtrise des freins et de la direction. En outre, en agglomération, la détention récente du véhicule, c’est-à-dire depuis moins de 6 mois, est un facteur d’accident mortel (Source : ONISR). Il importe donc de tout faire pour que les possesseurs d’une nouvelle voiture gardent la maîtrise du véhicule. On peut s’inspirer du Royaume-Uni où, à partir de décembre 2017, l’examen du permis de conduire comportera une épreuve visant à évaluer la capacité du candidat à utiliser un système de navigation par satellite.
La Ligue de Défense des Conducteurs souhaite donc que les politiques de sécurité routière intègrent les aspects actuels de la conduite, notamment par la formation continue du conducteur aux aides à la conduite. De cette façon, les évolutions techniques contribueront à la sécurité de tous sur les routes.