Une étude d’Airparif l’établit : la piétonisation des voies sur berges de la rive droite en septembre 2016 n’a pas fait diminuer la pollution de fond à laquelle est exposée la population parisienne ; les émissions de polluants ont simplement été déplacées. Les dépenses d’aménagement et le coût des embouteillages qui sont associés à la piétonnisation constituent donc des pertes sèches. Malgré cette étude scientifique qui démontre ses échecs, la mairie de Paris compte multiplier les projets anti-voiture.
Après un an d’étude, Airparif, association de surveillance de la qualité de l’air, a rendu son rapport. Ce dernier apporte un contrepoint au discours suffisant de certaines élites qui rêvent de séparer la route et la voiture. En bref, la fermeture de la voie Georges-Pompidou, pièce maîtresse du plan soi-disant anti-pollution de la maire de Paris, n’a pas obtenu les effets escomptés. La pollution au dioxyde d’azote (NO2) reste ainsi supérieure aux normes dans l'agglomération parisienne : même le long des quais interdits aux voitures, « les niveaux de […] NO2 […] demeurent au-dessus des valeurs réglementaires » selon Airparif.
Les capteurs montrent que la suppression des voitures de certains axes centraux n’a fait que déplacer la pollution atmosphérique sur les itinéraires de report de la circulation. Par exemple, sur le quai des Célestins, l’augmentation de 9 % des concentrations de NO2 entre août 2016 et août 2017 « peut vraisemblablement être attribuée à la piétonnisation des voies sur berges » (Airparif). Au total, la pollution a donc été décalée vers l’est de la capitale où la hausse se manifeste dès la fin de la zone piétonne ; de même, en banlieue, sur l’A4, A86 et l’A13, l’augmentation des niveaux de NO2 va de 1 % à 5 %.
Surtout la piétonnisation n’a eu aucun impact sur la pollution de fond : la population de Paris et de la métropole du Grand Paris reste donc exposée à la même pollution atmosphérique (NO2 et particules PM10) qu’avant la mise en place des restrictions de circulation.
Or ces suppressions de voies pour automobilistes ont pour conséquence des embouteillages, c’est-à-dire du temps perdu, des retards au travail, du carburant consommé en excès, des coûts de transports plus élevés et de la pollution… La facture des embouteillages pour la France en 2013 est ainsi évaluée à 17 milliards d’euros. De quoi aborder avec un minimum de prudence tous les projets anti-voiture.
Or la municipalité parisienne ne manque pas de projets en la matière : rendre piétons d’autres secteurs dans le centre de la capitale ; en 2018, réserver des voies aux cyclistes sur les Champs-Élysées ; en 2019, interdire de circuler à Paris les véhicules porteurs d’une vignette Crit’Air 4. Pour mémoire, les Crit’Air 5 sont déjà interdits dans la capitale depuis le 1er juillet 2017, de 8h à 20h, du lundi au vendredi. Quant à ceux qui sont trop anciens pour obtenir une vignette, ils sont également bannis.
Face à l’échec complet de la politique anti-voiture sur la pollution, la Ligue de Défense des Conducteurs demande la levée des restrictions actuelles de circulation dans la capitale, et l'abandon des projets à venir. Il convient notamment de ne pas étendre à tout Paris la limitation à 30 km/h. En effet, comme le rappelle le rapport d’Airparif, un moteur pollue davantage à 30 km/h qu’à 50 km/h. Or les embouteillages réduisent la vitesse effective des véhicules et aggravent donc les émissions de polluants. Il est donc urgent de rétablir la fluidité des déplacements car elle réduit la consommation de carburant ; elle est également essentielle à l’économie de l’Île-de-France comme à l’organisation du territoire au niveau national.