Alors que la Délégation à la Sécurité Routière vient de dévoiler le nom de la première entreprise sélectionnée pour la conduite de voitures radars en Normandie, de nombreuses questions se posent sur la légalité de ce marché public mais également sur l’homologation et le fonctionnement de ces armes de contravention massives.
Zones d’ombre, manque de transparence évident, telles sont les conclusions qui ressortent à la suite de la désignation du groupe Challancin comme la première entreprise sélectionnée pour faire rouler les 26 voitures radars de Normandie. Cette société spécialisée dans la propreté, la sécurité (agents cynophiles ; télésurveillance), ou encore l’accueil et le multiservice est un nouveau venu dans le monde des marchés publics très convoités de la sécurité routière. Ce premier marché attribué pour 4 ans et d’un montant de 10,2 millions d’euros, soit 2 de plus que prévu initialement dans l’appel d’offres, soulève de nombreuses questions.
Un prêt illicite de main d’œuvre ?
Depuis des mois, la Délégation à la Sécurité Routière et le ministère de l’Intérieur ne cessent de répéter que des conducteurs civils seront mis à disposition par des entreprises pour conduire les voitures radars appartenant à l’Etat. Sauf que le prêt de main d’œuvre à but lucratif est interdit par la loi française. Or, il est justement impossible de connaître les détails liés à la fourniture des conducteurs et à la rémunération du prestataire : les clauses du marché attribué au groupe Challancin sont confidentielles. Dans ces conditions, comment vérifier si ce contrat est légal ? Ceci est d’autant plus étonnant, que le Délégué Interministériel à la Sécurité Routière s’est lui-même inquiété, dans une note, de ce risque auprès du ministère de l’Intérieur.
Une absence d’homologation de l’ensemble du nouveau système radar
Autre point qui soulève de nombreuses interrogations, l’homologation du nouveau système radar. En effet, si l’appareil radar qui équipe les véhicules a bien été homologué, comme c’est le cas pour toutes ces machines, par le Laboratoire National de Métrologie et d’Essais (LNE), il n’en est rien de l’ensemble du dispositif. Les quatre caméras censées lire les panneaux de signalisation pour connaître la vitesse réglementaire ainsi que le programme informatique n’ont en rien été validés par le LNE.
L’ensemble du nouveau système n’a donc été validé par aucun organisme. Rappelons que, dans les voitures radars actuelles, les forces de l’ordre doivent étalonner le radar à chaque changement de limitation de vitesse. Face à cela, les nouveaux contrôles privatisés semblent reposer sur un principe d’infaillibilité des caméras de lecture des panneaux de limitation de vitesse. Mais que se passera-t-il en cas de météo difficile ? Et en cas de travaux avec des limitations de vitesse temporairement abaissées ? Alors que le conducteur doit prouver en permanence qu’il est de bonne foi, les appareils de contrôle eux ont toujours raison, même s’ils ne fonctionnent pas. Une belle vision de la sécurité routière !
Des zones d’ombres qui renforcent la légitimité de la pétition de la Ligue de Défense des Conducteurs
Ces nombreuses questions et zones d’ombres que le gouvernement se garde bien d’éclaircir ne font que renforcer la détermination des conducteurs à combattre cette mesure que rejettent même les forces de l’ordre. Alors, si ce n'est pas déjà fait, signez notre pétition « Non à la privatisation des radars mobiles embarqués », comme déjà plus de 369 000 personnes, et diffusez-la autour de vous, pour stopper l’extension de ce dispositif à l’échelle de tout le territoire français !