Pour la troisième fois, la Ligue de Défense des Conducteurs s’est rendue à Bordeaux pour participer au groupe de travail œuvrant à la mise en place de la Zone à faibles émissions (ZFE). Au terme de cette troisième réunion, un seul constat : rien n’avance. C’est à se demander si les élus, qui n’ont cessé de briller par leur absence depuis que la métropole a entrepris ces consultations, ont pris conscience de l’ampleur de la tâche avant la mise en place de cette future zone de restriction de circulation liée à l’ancienneté des véhicules au 1er janvier 2025.
Vous habitez la région de Bordeaux et vous espériez en savoir plus sur la future Zone à faibles émissions qui va très prochainement vous toucher ? Vous allez devoir vous contenter de peu. Si vous avez lu notre deuxième épisode du journal de la ZFE de Bordeaux, vous vous souvenez sans doute du programme de la précédente réunion : un moment d’échanges entre différentes tables rondes afin d’identifier au mieux les différents profils d’usagers concernés par le dispositif et de réfléchir à des propositions de dérogations et d’accompagnement.
Copié-collé
Eh bien pour cette troisième réunion le programme était… le même. Au mot près. Seul le lieu a changé. Situé à trente minutes de la gare et mal desservi par les transports en commun, cet endroit illustre paradoxalement le caractère indispensable de la voiture pour se déplacer à Bordeaux… curieuse démarche. Pour le reste, une introduction d’une dizaine de minutes lors de laquelle on nous rappelle, comme à chaque fois, ce que sont une ZFE ou une vignette Crit’Air, ainsi que des tables rondes pour réfléchir aux scénarios de déploiement, de dérogations et aux aides et accompagnements. Bref, trois mois et demi après la précédente réunion la Métropole de Bordeaux, un programme copié-collé. Rien n’avance malgré nos propositions. Pour sa part, la Ligue de Défense des Conducteurs n’en manque pas, au point d’avoir été auditionnée à l’Assemblée nationale sur le sujet.
Manque de maitrise
Hormis la présentation de deux scénarios de calendrier (l’un avec une exclusion des diesels pour 2030, l’autre pour 2028), le niveau d’impréparation et de méconnaissance ressort à nouveau au grand jour. Mention particulière à Claudine Bichet, vice-présidente de Bordeaux Métropole en charge du climat, de la transition énergétique et de la santé. Alors qu’elle assistait à la réunion dans son intégralité pour la première fois seulement, elle a brillé par son manque de maitrise sur le sujet des Zones à faibles émissions, dont elle est pourtant en charge.
Ainsi, interrogée dès l’ouverture de la réunion sur la possibilité de mettre en place à Bordeaux une dérogation « petit rouleur » comme le fait Montpellier, Claudine Bichet, que l’on sent peu à l’aise, est bien obligée d’admettre qu’elle « ne sait pas » ce qui se fait dans les autres ZFE. Questionnée par ailleurs sur le développement d’une offre de services d’entretien et de réparation des deux-roues électriques, inexistante à ce jour, elle est « persuadée qu’une économie va se mettre en place. Je ne vois pas comment cela pourrait en être autrement ». Si ça ne peut pas en être autrement alors tout va bien... Quant au programme d’investissement de la Métropole pour le déploiement de bornes de recharge électrique, nous n’en saurons pas plus.
Pour cette troisième réunion du groupe de travail sur la Zone à faibles émissions, la vice-présidente de Bordeaux Métropole et son équipe ont surtout montré leur incapacité à répondre précisément aux nombreuses, et parfaitement légitimes, interrogations de leur auditoire. Le niveau d’avancement pour l’instauration de la ZFE frise le néant, tandis que les élus sont aux abonnés absents… Tous les ingrédients pour le cocktail parfait de la grande cacophonie qui s’annonce d’ici un peu plus d’un an, lorsqu’au 1er janvier 2024, la ZFE de Bordeaux Métropole entrera en vigueur.