Ce n’est pas pour rien qu’en 2021 nous avions baptisé notre étude sur le sujet « ZFE : la grande cacophonie ». Alors que nous venons tout juste de mettre à jour notre carte de France de mise en place de ces ZFE, nous constatons que le bazar s’intensifie.
Ce 1er septembre 2022, une poignée de Zones à faibles émissions (ZFE) ont enclenché la vitesse supérieure. Marseille rejoint ainsi Saint-Étienne, Toulouse, Montpellier, Nice, Grenoble, Lyon, Reims, Strasbourg, Rouen et le Grand Paris dans le club des métropoles ayant déjà adopté de premières mesures de restriction de la circulation.
Tout d’abord, petit rappel. Les Zones à faibles émissions (ZFE) sont nées de la loi LOM de 2019 et ne concernaient initialement que les dix plus grandes métropoles de France. Puis, la loi Climat-Résilience de 2021 a enfoncé le clou, ajoutant 35 zones urbaines au dispositif. Concrètement, ces métropoles interdiront leur accès à 1 voiture sur 2 (seules y seront tolérées les vignettes Crit’Air 1 et 2, en plus des voitures électriques), voire à 7 sur 10 en Île-de-France, où les restrictions de circulation seront encore plus draconiennes (plus de Crit’Air 2, donc de diesel, dès 2024, c’est-à-dire un an avant le calendrier officiel).
Un horizon effrayant dont les premiers contours ont été déjà dessinés par ces villes « pionnières » :
- Rouen (période "pédagogique" jusqu'au 28 février 2023) et Grand Paris : interdiction aux voitures particulières, véhicules utilitaires légers et poids lourds Crit’Air 4, 5 et non-classés
- Lyon : interdiction aux véhicules utilitaires légers et poids lourds Crit'Air 3, 4, 5 et non-classés + voitures particulières Crit'5 et non classées
- Grenoble : interdiction aux véhicules utilitaires légers et poids lourds Crit’Air 3, 4, 5 et non-classés
- Strasbourg (période "pédagogique" jusqu'au 31 décembre 2022), Marseille (hypercentre) et Reims : interdiction à tous véhicules Crit’Air 5 et non-classés
- Toulouse : interdiction aux véhicules utilitaires légers et poids lourds Crit’Air 4, 5 et non-classés
- Montpellier (période "pédagogique" jusqu'au 31 décembre 2022) : interdiction aux voitures particulières Crit'Air 5 et non classées + véhicules utilitaires légers et poids lourds Crit’Air 4, 5 et non-classés
- Nice (hypercentre) : interdiction aux poids lourds Crit'Air 5 et non-classés
- Saint-Étienne : interdiction aux véhicules utilitaires légers et poids lourds non-classés
Ajoutez à cette diversité de consignes, que chaque conducteur devra connaître avant de « s’aventurer en ZFE », des tranches horaires qui différent, des tailles de périmètres qui varient du tout au tout, et des périodes de pédagogie sans PV plus ou moins longues (un mois à Marseille, quatre mois à Strasbourg). Mais comment diable allons-nous nous y retrouver ?
Dans les faits, 513 747 véhicules sont à ce jour interdits de circulation dans le périmètre de ces onze Zones à faibles émissions. Des calculs en réalité effectués a minima, ne prenant en compte que le parc en circulation des métropoles directement concernées par les ZFE. Ce nombre déjà conséquent ne cessera d’augmenter au gré du renforcement des interdictions et de la mise en place de nouvelles ZFE. Rien qu’en juillet 2023, 632 299 véhicules Crit’Air 3 seront bannis des 79 communes de la Zone à faibles émissions du Grand Paris, en plus des 308 534 qui y sont déjà prohibées.
Lorsque toutes les ZFE auront terminé leur processus de mise en place dans toute la France, pas moins de 6 millions de véhicules y seront directement interdits de circulation. Mais en ajoutant tous les conducteurs qui ont de bonnes raisons de s’y rendre de temps en temps (visite médicale, soirée entre amis, études, cinéma, etc.), on arrive à 16 millions… Soit 40 % du parc actuel !
C’est donc un doux euphémisme que de dire que nous sommes inquiets quant à la lisibilité et l’acceptation d’un tel dispositif… que six Français sur 10 ne connaissent toujours pas.
Pour en savoir plus, lisez notre étude, nos chroniques, et signez notre pétition !