51 % de trafic supplémentaire sur les quais hauts chaque jour, temps de parcours rallongés sur le périphérique, la banlieue proche et intra-muros, augmentation du bruit : le rapport est accablant pour la mairie de Paris : la piétonisation des voies sur berges a radicalement congestionné le trafic et accru les nuisances pour les riverains.
Le Comité régional d'évaluation de la fermeture des voies sur berges parisiennes vient de publier son second rapport sur la fermeture des voies sur berges. Les conclusions sont alarmantes et remettent largement en cause la politique de la mairie de Paris.
Ce deuxième rapport révèle, à travers 66 points de comptage analysés dans Paris et sur le boulevard périphérique, une explosion de trafic entre septembre 2015 et septembre 2016. Les rues à proximité des voies sur berges ont connu une hausse de trafic très importante : +51 % par jour sur les quais hauts, +21 % par jour sur le boulevard Saint‐Germain. Soit 8,5 et 7 minutes supplémentaires de temps de trajet pour les conducteurs chaque jour, rien que sur cette portion de leur déplacement.
Des axes plus éloignés, tels que la rue de la Convention (XVème arrondissement) ou le boulevard de l’Hôpital (XIIIème arrondissement), sont aussi exposés à une hausse de 25 % de trafic routier supplémentaire par jour.
Le Comité précise également que les usagers qui empruntent le périphérique, l’autoroute A13, l’A86, l’A4 et la RD19 à Ivry voient leurs temps de parcours rallongés. Le matin, sur le périphérique, la perte de temps supplémentaire peut aller jusqu’à 25 %. Les temps de parcours ont crû de 10 à 30 % sur les axes d’entrée dans Paris comme l’A13 ou la RD910. Sur l’A86 aux heures de pointe le soir, et du côté de Vélizy (78), il faut compter 16 % de temps en plus. Entre Thiais et Créteil (94), 22 % de temps supplémentaire, 28 % le matin. Enfin, la partie de l’A4 la plus touchée se situe entre les tronçons nord et sud de l’A86 avec des augmentations de l’ordre de 25 à 35 %.
Par ailleurs, les véhicules de secours connaissent aussi une augmentation de leur temps de parcours en heure de pointe par rapport à 2015. Sur la rive gauche, cette augmentation est de 16 à 17 %. Du temps supplémentaire qui peut empêcher de sauver une vie, et en particulier pour les arrêts cardiaques. Rappelons que les séquelles d’un AVC dépendent de la rapidité d’intervention.
Enfin, les deux points d’enregistrement situés quai de la Mégisserie et quai de Gesvres ont enregistré des hausses significatives du bruit : + 3,3 db (A) et + 2,9 db (A), ce qui, selon les experts du Comité, équivaut à un doublement du volume sonore.
Quant à la pollution atmosphérique, s'il est encore trop tôt pour avoir les premières mesures de la qualité de l’air, les points de mesures d’Airparif venant tout juste d’être installés, on peut légitimement penser qu'une hausse est à craindre, au vu de l'engorgement de la circulation.
Si la mairie de Paris rejette ces conclusions, le Comité rassemble pourtant des spécialistes tels qu’Airparif, Bruitparif ou encore l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Île-de-France. Au vu de ces mauvais résultats, l’équipe municipale ne pourra pas ignorer très longtemps l’impact négatif de cette décision. Les conducteurs seront là pour le leur rappeler.
La Ligue de Défense des Conducteurs organise, elle aussi, la contre-offensive, et a déjà recueilli de nombreux témoignages d'habitants d'Île-de-France, qui montrent bien que la fermeture des voies sur berges a compliqué radicalement la vie quotidienne d’un nombre considérable d’habitants dans toute la région.