On vient de l’apprendre : le 19 avril, le Premier ministre a décidé de diminuer la vitesse réglementaire sur quatre tronçons de routes nationales et d’autoroutes d’Île-de-France, soit 46 km de routes qui accueillent chaque jour 400 000 véhicules.
Les raisons avancées pour cette mesure sont si nombreuses qu’on se demande comment le simple fait d’avoir le pied sur le frein pourrait résoudre autant de problèmes.
En effet, cette réduction de 20 km/h – selon les cas, de 130 à 110 km/h et de 110 à 90 km/h – est censée être un remède aux problèmes suivants : embouteillages, bruit, pollution et accidents.
Rebelote : le schéma est toujours le même. Sans crier gare, on sort d’un chapeau une mesure dont la majorité des Français ne veulent pas mais à laquelle certains riverains seraient favorables. Et cela entraîne à chaque fois une réduction de vitesse.
La suite est, elle aussi, téléphonée : expérimentation pendant un an suivie d’un bilan. Traduction : silence radio pendant douze mois, puis la vitesse abaissée sera pérennisée. Un élément concret de comparaison existe : l’expérimentation du 80 km/h sur route, dont le résultat intermédiaire pourtant promis ne vient pas, témoigne assez de cette mascarade : une concertation minimale, suivie d’une période d’observation légère, puis d’un prévisible feu vert pour une baisse des vitesses maximales.
Stop ! La Ligue de Défense des Conducteurs demande que le Premier ministre fournisse la méthodologie selon laquelle les effets de cette décision seront mesurés et la formulation des critères qui, s’ils n’étaient pas remplis, mettraient un terme à ce projet.
En outre, si l’enjeu est de réduire les embouteillages, pourquoi les variations de vitesse envisagées ne sont-elles pas temporaires et signalées sur les écrans qui longent les autoroutes, aux heures où la circulation manque de fluidité ?
Par ailleurs, cette réduction de vitesse est mise en parallèle avec la diminution de vitesse sur le périphérique parisien en 2014, qui aurait entraîné une diminution du nombre d’accidents. C’est oublier que cela a entraîné une hausse du nombre de morts. Et, de façon encore plus nette, une augmentation du nombre de PV.
La Ligue de Défense des Conducteurs affirme donc son refus catégorique de la duplication irréfléchie de mesures dont les bénéfices ne sont pas garantis par une évaluation scientifique et une méthodologie irréprochable. L’association rappelle aussi l’enjeu stratégique que constitue l’organisation des transports en Île-de-France. Il importe donc de ne pas affaiblir par des ralentissements permanents un maillage de routes et d’autoroutes qui a plutôt besoin d’être complété. La solution aux embouteillages, au bruit, à la pollution et aux accidents ne peut donc être trouvée que par une étude fine des causes de ces problèmes. En effet, ne considérer que le critère de la vitesse revient à éluder tous les autres facteurs d’amélioration du trafic et de la sécurité routière dans la région capitale.