Deux ans après le passage à 70 km/h sur le périphérique parisien, la Ligue de Défense des Conducteurs s’est penchée sur le vrai bilan de cette baisse de vitesse. Alors qu'aucune étude ne permet de constater une amélioration en matière de pollution, cette mesure a pour l'heure eu pour seul effet de voir augmenter les flashs des radars et les bouchons… tout ça pour une mortalité routière en hausse !
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+ 75 % de morts et + 234 % de flashs
Depuis le 1er janvier 2014, et l’entrée en vigueur de la limitation de vitesse à 70 km/h sur le périphérique, le nombre de radars est passé de 7 à 16 sur le boulevard circulaire, entraînant une multiplication du nombre de flashs. 138 138 flashs fin 2013 contre 461 596 fin 2014, soit une hausse de 234 % ! Toujours la même recette : on baisse la vitesse et on augmente le nombre de cabines pour piéger encore plus les conducteurs. À titre d’exemple, 6 mois après le passage de la rocade de Rennes à 70 km/h, le constat est le même : les trois radars y ont établi des records de flashs.
Hausse du nombre de flashs des radars, mais également du nombre de kilomètres de bouchons. Selon V-Traffic, qui mesure l’état du trafic routier en Île-de-France, le nombre de kilomètres d’embouteillages sur cet axe a augmenté de 22 % entre 2010 et 2015. La vitesse moyenne est même passée, en condition de trafic fluide, de 73,4 km/h avant janvier 2014 à 69,7 km/h après abaissement.
Le tout pour un résultat désastreux en matière de mortalité routière, qui, sur cet axe emprunté par 1,3 million d’usagers chaque jour, s’est envolée de pas moins de 75 % depuis l'abaissement de la vitesse, avec 7 morts en 2014 contre 4 l’année précédente. C’est d’ailleurs le chiffre le plus élevé depuis 9 ans.
Impact nul sur le bruit et silence radio sur la pollution !
Alors que tous les indicateurs sont au rouge, les promesses en termes de bruit et de pollution ne sont pas au rendez-vous. Ainsi, selon Bruitparif, le passage à 70 km/h n’a permis de réduire le volume sonore que de 0,6 décibels, soit un changement imperceptible à l’oreille. Les riverains ne se rendent dès lors même pas compte de la différence. Un nouveau revêtement du sol aurait plus d’impact que cette baisse absurde de la vitesse.
De plus, aucune étude n’a été demandée à Airparif pour connaître le résultat de cette mesure sur la pollution atmosphérique. Pourtant, c’est bien sur ce point que la mairie de Paris avait construit son argumentaire anti-voiture. Pourquoi ce silence radio, le bilan ne serait-il pas aussi bon qu’espéré ?
Ce résultat n'aurait rien d'étonnant, puisque selon les experts, et notamment ceux de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie), la réduction à 70 km/h de la vitesse sur le périphérique parisien a même eu un effet contre-productif sur la pollution. Explication : le respect de cette vitesse contraint les automobilistes à rouler sur un rapport de boîte de vitesse inférieur, l’usager n’est plus en 5ème mais en 4ème. Les voitures récentes ayant des rapports rallongés, cela conduit à une consommation supérieure, et donc à une hausse des émissions de polluants. Plus facile de comprendre pourquoi la mairie de Paris ne demande aucune étude pour analyser les conséquences de cette baisse de limitation de vitesse.
Face à ce bilan négatif, qui cache des chiffres que ni la mairie ni la préfecture de Paris ne souhaitent dévoiler, les usagers de la route sont en droit de demander un retour à des conditions de circulation meilleures, soit un retour à un périphérique à 80 km/h, voir 90 km/h !