La répression routière ne cache même plus son objectif pécuniaire. Ainsi, en parcourant le Projet de Loi de Finances pour 2013, on s'aperçoit que nos dirigeants se félicitent de pouvoir empocher, dès l'année prochaine, un montant de recettes des amendes routières bien supérieur à cette année. Leur méthode ? Le déploiement du PV électronique à grande échelle, avec pour objectif 21,6 millions de contraventions électroniques en 2013. Un fructueux programme !
Les analystes des finances de l'Etat sont formels : le PV électronique, ça rapporte beaucoup plus que la contravention à l'ancienne ! Ainsi, dans le budget de l'Etat pour 2013, on nous parle du "rendement supérieur du PV électronique par rapport aux carnets à souche et au timbre amende" en termes de "productivité".
Le procès-verbal électronique, c'est ce nouveau procédé testé depuis quelques années maintenant en France, qui consiste à doter policiers et gendarmes d'une tablette électronique leur permettant de verbaliser à la chaîne tous les véhicules en infraction qu'ils rencontrent.
Ils ne sont même pas obligés de vous arrêter, ils peuvent vous verbaliser à distance, en notant votre numéro d'immatriculation dans leur tablette. Lorsqu'ils repasseront au poste quelques heures plus tard, ils brancheront leur tablette sur leur ordinateur, et toutes les contraventions enregistrées dans la journée seront transmises à Rennes, au Centre National de Traitement des Infractions – là où sont déjà établis tous les PV des radars automatiques.
Quelques jours plus tard, vous recevrez la contravention dans votre boîte aux lettres : si vous avez la chance de vous souvenir, témoignages à l'appui, que vous aviez bien bouclé votre ceinture en sortant de la boulangerie mardi dernier, ou que vous n'aviez pas pris le feu à l'orange à tel carrefour, vous pourrez entamer la même procédure de contestation que pour les radars.
Sinon, vous passez à la caisse immédiatement. C'est ça, le "rendement supérieur en termes de productivité"!
Et nos dirigeants en sont ravis : dans la Loi de Finances, on peut lire qu'ils se félicitent du "surplus de recettes engendré par la généralisation du PV électronique", qu'ils espèrent bien voir encore augmenter l'année prochaine puisqu'ils se sont fixé comme objectif pas moins de 21,6 millions de contraventions par ce système en une année !
En 2012, on a atteint le seuil de 100.000 contraventions électroniques par semaine. Mais pour 2013, l'objectif est de 21,6 millions de PV, soit 415.000 par semaine. 4 fois plus que l'année dernière !
Et pour remplir ce quota, les pouvoirs publics mettent le paquet : pas moins de 15 400 tablettes digitales sont déjà commandées, pour permettre à des brigades entières de policiers et gendarmes de verbaliser électroniquement dans tous les départements !
Bref, le potentiel de rentabilité de la répression routière semble infini pour nos dirigeants, qui rivalisent d'idées nouvelles pour ponctionner toujours plus les conducteurs. Et ceux qui prennent la route de se demander à raison : et le "rendement en termes de sécurité", il est où ?