Je t'aime, moi non plus, cette éternelle ritournelle berce, une fois encore, le monde politique alors qu'il se saisit du sujet de l'automobile. Pendant toute la durée du confinement, alors que les constructeurs et équipementiers français rivalisaient d'intelligence et de réactivité pour s'associer à la lutte contre le coronavirus (fabrication de respirateurs, de masques…), de nombreuses marques et enseignes ont mis leurs véhicules de flotte à disposition des soignants, pour leurs déplacements. La voiture qui rassure et qui se réinvente, voilà qui aurait dû redorer son blason, auprès des plus réfractaires ! Mais ces initiatives, saluées par le gouvernement, ont été bien vite douchées par plusieurs maires de grandes villes qui, à l'approche du déconfinement, recommençaient à faire la fine bouche. Anne Hidalgo, égérie des "anti-bagnoles", s'écriait ainsi : "Paris ne se laissera pas envahir par les véhicules et la pollution après le 11 mai [date de la fin du confinement, pour rappel] !" Ce qui n'a pas empêché Emmanuel Macron, fin mai, de déclencher un plan de sauvetage économique de la filière automobile, à hauteur de 8 milliards d'euros, répartis entre les fabricants et les acheteurs, qui pourront profiter de bonus et de primes à la conversion renforcés. Las, quelques jours plus tard, Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique, annonçant son intention de pérenniser les "coronapistes", ces pistes cyclables soi-disant temporaires, assénait : "Ne laissez pas la voiture reprendre sa place !"
Alors on fait comment ? On achète des voitures pour soutenir notre industrie, mais on ne roule pas avec, parce que c'est mal ? On continue, comme dans le "monde d'avant", de culpabiliser les automobilistes et de les opposer à tous les autres usagers de la route, au lieu de leur apprendre à mieux cohabiter ?
A nous conducteurs, il en faudra, de l'endurance et de la conviction, pour éviter de tous devenir fous, victimes de ces multiples discours discordants...