Près de 280 000 véhicules bientôt bannis des ZFE en France

Le 1er juin 2021, les voitures particulières, utilitaires légers et poids lourds arborant une vignette Crit’Air 4 rejoignent les Crit’Air 5 et Non classés dans le club des véhicules indésirables dans la Zone à faibles émissions du Grand Paris. À l’échelle française, ils seront près de 280 000 à être bannis des ZFE « actives », d’ici à la fin de l’été. Ce n’est qu’un début : d’ici à 2025, 43 % du parc automobile français sera chassé des grandes villes. Ce calendrier précipité se prépare à engendrer de dramatiques conséquences sociales, selon notre association, qui demande un moratoire pour l’instauration des ZFE.

À compter du 1er juin, 114 987 voitures particulières, 16 590 utilitaires légers et 2 623 poids lourds arborant une vignette Crit’Air 4 rejoignent donc les près de 110 000 véhicules Crit’Air 5 et non classés déjà bannis des routes de la Métropole du Grand Paris. Soit, au total, 244 000 conducteurs ne pouvant plus prendre leur volant pour circuler à l’intérieur de l’autoroute A86… et tant pis si ce sont des artisans aux activités ébranlées par le coronavirus, s’ils accompagnent une personne à mobilité réduite pour un rendez-vous à l’hôpital ou s’ils ont juste besoin de se rendre dans la région parisienne en « vieille » voiture, peu importe leurs raisons. Ils ne sont simplement plus les bienvenus. Pas encore verbalisés (ce sera pour la fin de l’année, l’amende forfaitaire s’élevant à 68 € pour tout contrevenant), mais plus les bienvenus.

Les scandaleuses interdictions de circulation induites par le déploiement des ZFE se multiplient en France. Selon les chiffres communiqués par le Service de la donnée et des études statistiques, consultables sur le site de ministère du Développement durable, dans la Métropole de Lyon, près de 15 000 véhicules sont concernés, tandis qu’ils sont plus de 5 000 à Grenoble. Le 1er juillet, 7 400 utilitaires et poids lourds s’ajouteront à la liste à Rouen et le 1er septembre, 11 500 à Toulouse. De leur côté, Marseille, Montpellier, Nice, Strasbourg et Toulon, les autres métropoles concernées par le décret de mise en place obligatoire d’une ZFE de septembre 2020, « dégaineront » leurs propres mesures plus tard dans l’année, sans préciser leur calendrier ni les détails de l’application de la mesure (dont le vaste panel d’options créera, à terme, autant de règles de circulation que de ZFE). La carte de France jointe à ce communiqué fait un point précis sur le développement des ZFE au 1er septembre 2021.

Rappelons qu’à terme, les ZFE seront étendues aux zones urbaines de plus de 150 000 habitants d’ici à 2025. Au total, la loi prévoit la création de 45 grandes zones urbaines, sommées d’interdire la circulation aux véhicules à vignettes Crit’Air 3 et plus, soit 43 % du parc automobile français en 2020, selon l’institut statistique AAA Data. Sachant que certaines d’entre elles, très zélées, y ont d’ores et déjà inclus les véhicules diesel Crit’Air 2…

« Sur le papier, chasser la pollution des villes est louable, constate Nathalie Troussard, secrétaire générale de la Ligue de Défense des Conducteurs. Mais le problème des ZFE, c’est qu’elles sont le fruit d’un dogmatisme politique aveugle, qu’elles pointent du doigt l’automobiliste ou le motard comme seuls émetteurs d’oxydes d’azote et de particules – quand ce n’est pas le CO2 – ou, bien pire, qu’elles impliquent une véritable assignation à résidence d’une partie de la population, au budget trop serré pour remplacer des véhicules considérés comme « trop anciens » pour être tolérés en ville. L’expérience a déjà été menée ailleurs en Europe, pour des résultats bien piètres, comparé aux dégâts sociaux qui découleront immanquablement de l’instauration précipitée des ZFE. »

Sous couvert de lutte contre la pollution, les ZFE vont ériger des frontières infranchissables pour des millions de Français, pour la simple raison qu’ils sont dans l’incapacité financière d’acquérir un véhicule récent. C’est pourquoi notre association sollicite actuellement ses 1 million de sympathisants pour qu’ils signent un moratoire reportant le déploiement des ZFE, lequel sera adressé au chef du gouvernement. La Ligue de Défense des Conducteurs s’apprête par ailleurs à lancer une vaste campagne d’information de la population sur le sujet. Rappelons que selon un sondage Harris commandé par le Conseil national des professions de l’automobile, 60 % des Français ignorent ce qu’est une ZFE… alors que nombre d’entre eux se verront privés de liberté de déplacement.