ZFE au 1er janvier 2025 : 2,2 millions de véhicules exclus

Les restrictions de circulation dans les Zones à faibles émissions (ZFE) vont connaître un gros tour de vis au 1^er janvier 2025. Aux 1,1 million de véhicules déjà interdits dans de nombreuses métropoles, va s’ajouter un autre gros million de modèles nouvellement exclus. Soit, au total, 2,2 millions de voitures qui ne pourront bientôt plus aller où bon leur semble !

Ordre, contrordre et désordre… La communication du Gouvernement sur les Zones à faibles émissions (ZFE) a évolué au fil du temps, au point que bon nombre d’automobilistes ne savent plus s’ils sont autorisés à circuler ou non.

Certes, les réglementations environnementales visant à exclure les véhicules les plus polluants ont été assouplies ces derniers mois. Non pas par magnanimité de la part de l’exécutif, mais plutôt parce que celui-ci s’est aperçu que les quantités de polluants émises ne cessent de diminuer, en lien avec l’évolution du parc roulant. Il n’y a désormais plus que deux territoires qui dépassent régulièrement les seuils réglementaires de pollution en France : la métropole du Grand Paris, et celle de Lyon.

Si les véhicules arborant une vignette Crit’Air 4, 5 ou NC (non classé) sont d’ores et déjà exclus de ces périmètres (voir notre carte des ZFE ici, que nous réactualiserons évidemment début 2025), c’est une nouvelle étape dans la restriction de circulation qui va être franchie le 1^er janvier 2025. En effet, les ZFE de Paris et de Lyon vont interdire les voitures Crit’Air 3, de même que Montpellier et Grenoble, qui n’y sont pourtant plus contraintes par la réglementation. Dans leur cas respectif, il s’agit bel et bien d’une volonté des édiles locaux.

Toujours plus de véhicules interdits de circulation

Concrètement, qu’est-ce que cela signifie ? Qu’aux plus de 1 million de véhicules déjà interdits de circuler en 2024 dans de nombreuses ZFE, c’est-à-dire les Crit’Air 4, 5 et NC, vont s’ajouter 1,1 million de modèles supplémentaires.

Dans le détail, voici comment la situation se décompose pour les modèles Crit’Air 3 nouvellement interdits (source des données : ministère des Territoires, de l’Écologie et du Logement, données et études statistiques) :

-ZFE du Grand Paris : 767 582 voitures particulières+ 74 622 utilitaires= 842 204 véhicules

-ZFE de Lyon : 143 538 voitures particulières+15 861 utilitaires= 159 399 véhicules

-ZFE de Grenoble : 42 191 voitures particulières+4 713 utilitaires= 46 904 véhicules

-ZFE de Montpellier : 42 526 voitures particulières+4 889 utilitaires= 47 415 véhicules

En additionnant le tout, on arrive bien à près de 1,1 million de modèles Crit’Air 3 qui ne pourront plus circuler dans leur ZFE !

Toujours pire

Ce n’est pas tout, car une autre catégorie va définitivement devenir bannie à compter du 1^er janvier prochain... cette fois dans TOUTES les ZFE, soit les 40 « territoires de vigilance », comme les nomme l’État, comptant plus de 150 000 habitants ! Celles-ci seront en effet tenues d’interdire leur accès aux véhicules non classés.Comprenez lesmodèles à essence ou à gazole antérieurs à 1997. Idem pour les utilitaires, qui devront forcément avoir été immatriculés après le 1^e juillet 1997 pour pouvoir continuer d’évoluer librement. Si cette catégorie des véhicules non-classés n’est désormais plus très fournie (27 ans d’âge pour les plus récentes, sachant qu’une voiture part à la casse en moyenne à 19 ans), elle représente encore une belle cohorte : leur exclusion concernera 132 912 autos immatriculées dans les territoires de vigilance qui existent en France, sans compter celles qui n’en font pas partie mais qui sont amenées à y pénétrer.

Au total, 2,2 millions de véhicules inutilisables

Si l’on cumule les catégories nouvellement interdites au sein des ZFE (voir le tableau ci-dessous), plus les véhicules non classés dans tous les territoires de vigilance, plus ceux qui étaient déjà interdits avant, le nombre des modèles exclus passera donc à 2,2 millions au 1^er janvier 2025. Soit 4,6 % du parc roulant (voitures particulières + utilitaires, sans compter les poids lourds)… et sans compter non plus les véhicules non immatriculés dans les zones concernées, mais qui sont amenées à y circuler.

Toujours la cacophonie

En 2021 déjà, nous avions intitulé notre étude consacrée au ZFE « La grande cacophonie ». Un titre précurseur et qui s’impose toujours aujourd’hui. Pas une seule de ces métropoles n’arbore les mêmes règles de fonctionnement ! En région parisienne, la ZFE est active uniquement en semaine et de 8 heures à 20 heures. Elle est la seule à fonctionner de la sorte. La ZFE grenobloise fonctionne pour sa part 24 heures sur 24 et tous les jours de l’année, à l’image des autres. Et si les règles d’exclusion grenobloises vont enfin s’aligner avec celles de la ZFE lyonnaise au 1^er janvier 2025, ce n’était pas le cas jusqu’alors. Grenoble avait longtemps choisi de ne se concentrer que sur l’exclusion des véhicules lourds et utilitaires…

Les métropoles, dépassées par l’impact social de cette mesure (notamment l’exclusion de circulation pour cause d’impossibilité de financer l’achat d’un nouveau véhicule, source d’immense injustice), ont mis en place des dérogations de circulation qui ajoutent au bazar ambiant. À Strasbourg par exemple, il est possible de se fournir un « pass ZFE » qui donne la possibilité de circuler librement avec n’importe quel véhicule 24 jours dans l’année. Idem dans la métropole du Grand Paris, où le pass ZFE a été étendu de 12 à 24 jours. Dans le Grand Lyon, il est possible de s’inscrire sur une plateforme et d’obtenir une dérogation « petit rouleur » valable un an : il faut évidemment aller sur Internet avant d’effectuer son trajet et surtout arborer une vignette « petit rouleur » en sus de la vignette Crit’Air. La Métropole a en effet annoncé que cette année-là sera une « période pédagogique » avant que ne se mette en place le contrôle-sanction automatisé prévu désormais pour 2026.

Objectif verbalisation

Ces interdictions de circulation s’accompagnent évidemment d’une répression… toutefois bien difficile à mettre en place. Au point qu’à Paris par exemple, 2025 sera finalement aussi une année de « pédagogie » pour les Crit’Air 3. Vous croyez que c’est par pure mansuétude ? Détrompez-vous : c’est juste que la vidéoverbalisation (autrement dit, l’industrialisation du PV pour non-respect de la ZFE) n’est pas encore au point. La Ligue de Défense des Conducteurs avait d’ailleurs dénoncé, en 2023, les multiples risques d’erreurs que l’automatisation de la répression ne manquera pas d’engendrer.

Autant de complications pour sans doute peu de résultats au final : la réactualisation naturelle du parc et l’électrification des véhicules neufs entraineront d’ici quelques années à peine une vraie baisse des polluants émis dans les villes et tous ces dispositifs deviendront aussitôt caducs.

*VU : véhicules utilitaires

*NC : véhicule non classé (immatriculé jusqu’au 31 décembre 1996 pour les VP et jusqu’au 30 septembre 1997 pour les VU)