« En trois ans de permis, aucun gendarme, aucun policier ne m’a jamais arrêtée pour vérifier si j’avais de l’alcool dans le sang ou si j’avais consommé des stupéfiants »

Paloma a 20 ans et nous la rencontrons à Nancy, où elle est étudiante en deuxième année d’école de commerce. C’est la benjamine de nos entretiens, trop contente d’avoir pu ôter récemment le A sur sa lunette arrière. « Je suis enfin considérée comme une conductrice normale ! », se réjouit-elle. Malgré son jeune âge, Paloma, originaire des Vosges, revendique déjà beaucoup de kilomètres parcourus, non sans une certaine fierté : « Que ce soit au volant de la Peugeot 207 que m’a donnée ma grand-mère, ou d’un camion frigorifique que je conduis le week-end, parce que je travaille comme serveuse et responsable d’évènements chez un traiteur, je roule beaucoup. » Sa voiture, la jeune étudiante l’utilise presque tous les jours : « Je suis actuellement en alternance. Le lundi j’ai cours, donc je viens à Nancy depuis les Vosges le matin, j’ai 45 minutes de trajet. J’en repars le soir, ce qui fait 1h30 de route dans la journée. Ce programme se répète le mercredi, d’autres jours aussi parfois… »

Un rythme de vie dans lequel la voiture se révèle vite indispensable. Paloma l’avoue, « Je ne me verrais pas reprendre les transports en commun, attendre, dehors, surtout qu’ils sont tout le temps en retard. Pendant mes trois années de lycée, je prenais le train à 6 h du matin, c’était très dur. Aujourd’hui je peux partir à l’heure que je veux. » Un gain de temps et de confort qui a tout de même un impact économique certain, surtout en ce qui concerne le carburant : « Ça coûte vraiment cher, au point que je commence à réfléchir à mes trajets avant de prendre le volant, pour voir s’ils sont indispensables. Pourtant, ma voiture consomme vraiment peu ». L’argent n’est pas le seul argument qui pousse Paloma à essayer de réduire son usage de la voiture. Elle fait partie de cette génération pour qui l’écologie et la préservation de l’environnement sont des sujets primordiaux. « Voiture et environnement, sans être directement opposables, ne sont pas forcément compatibles et j’en suis vraiment consciente, reconnait l’étudiante. Je fais de mon mieux, en ce moment j’essaie donc de réduire mes kilomètres, de faire du covoiturage. Mais cet effort, je le fais dans tous les domaines, pas seulement automobile : je participe au nettoyage des villes, je trie mes ordures ménagères, j’achète des vêtements de seconde main, je fais attention à ma consommation d’eau et d’électricité, je consomme le plus possible en vrac... »

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Une manière pour elle de compenser son utilisation régulière de la voiture et de se sentir en adéquation avec ses convictions. Des convictions, même à 20 ans, cela n’empêche pas non plus Paloma d’en avoir sur la sécurité routière. Si elle admet que « rouler à 30 km/h, j’essaie mais je n’y arrive pas » et que « le 80 km/h je ne vois pas trop à quoi cela sert », elle s’étonne en revanche de n’avoir jamais subi le moindre contrôle de la part des forces de l’ordre. « En trois ans de permis, aucun gendarme, aucun policier ne m’a jamais arrêtée pour vérifier si j’avais de l’alcool dans le sang ou si j’avais consommé des stupéfiants. Ça ne m’aurait posé de problème, au contraire j’aurais bien aimé. Mais j’ai l’impression qu’il y a une sorte de discrimination, quand on est jeune, il ne faut ni avoir une trop belle voiture, ni une trop pourrie, c’est vraiment à la tête du client. »

Une élection présidentielle aussi ça se joue parfois à la tête du client. Pour celle de 2022, la première à laquelle elle pourra participer depuis qu’elle est majeure, Paloma fera attention aux propositions qui sont faites sur la voiture, « si c’est pour qu’ils nous mettent des radars partout, ça ne sert à rien ». Enfin, si elle attend « de vraies propositions pour améliorer la sécurité sur la route », elle admet que « le plus important, c’est l’environnement. »