Diffusé depuis janvier sur les sites internet de Médiapart, Caradisiac et Reflets.info, le reportage de Stéphanie Fontaine, "Radar, la machine à cash", n'a pas eu droit aux honneurs de la télévision. La Ligue de Défense des Conducteurs, déjà convaincue du racket opéré par les radars sur les automobilistes, a contacté la journaliste pour faire un bilan sur les retombées de son enquête choc, dédiée aux coulisses de ce business lucratif pour l’État… mais pas seulement.
L'avez-vous regardé ? En cette période de confinement, peut-être aurez-vous davantage de temps à consacrer à ce reportage qui dure 1 h 10. Particulièrement édifiant, il révèle l'entente extrêmement cordiale entre les représentants de l'Etat et les entreprises privées impliquées dans l'installation des radars en France, ainsi que dans le traitement automatisé des amendes. Pour le visionner, c'est par ici : https://www.youtube.com/watch?v=6vDHfFJeJ1Q.
Boudée par les chaines de télé, cette enquête autofinancée (mais pas rentabilisée à ce jour), très fouillée, a été bouclée au bout d'un an de travail acharné… Sachant que les journalistes du collectif indépendant Extra Muros, qui se sont attelés à ces recherches, n'ont évidemment pas toujours été accueillis les bras ouverts. "C'est le reportage le plus compliqué que j'aie jamais fait, raconte Stéphanie Fontaine, journaliste freelance spécialisée en droit routier et sécurité routière, à l’initiative du projet. Je savais que ce sujet était très politique et méritait d'être étudié en profondeur. Rappelons qu'en dix ans, ces contrats avec des entreprises privées ont rapporté à ces dernières plus de 2,5 milliards d'euros".
Documents inédits à l'appui, Stéphanie Fontaine dénonce l'opacité qui règne au ministère de l'Intérieur, "pourtant toujours prompt à communiquer sur la sécurité routière". Son enquête révèle l’absence d’appels à la concurrence, le favoritisme dans l’attribution des marchés publics, l’embauche de ministres impliqués dans le dossier par les sociétés bénéficiaires du marché du traitement automatisé des infractions, des entreprises en position de monopole, des prestations surfacturées… Si la réalisatrice de ce documentaire ne peut prouver le cynisme intentionnel des politiciens, elle insiste sur l’origine de sa démarche : "Pour installer des radars, pour traiter les PV automatisés, il faut recourir à des fonds publics. En réalisant ce reportage, en posant des questions objectives amenant des réponses factuelles, je n’ai pas d’autre intérêt que celui de faire mon métier de journaliste, cherchant à savoir comment l’argent des Français est dépensé", explique Stéphanie Fontaine.
Bien évidemment, les autorités font la sourde oreille depuis la sortie du reportage. L’idée étant que le plus de monde possible comprenne, de manière indiscutable, dans quelles conditions extrêmement nébuleuses se fait l’exploitation du traitement automatisé des infractions, la Ligue de Défense des Conducteurs vous invite à regarder ce reportage, déjà vu par plus de 300 000 internautes sur ses différents canaux de diffusion.
Stéphanie Fontaine, de son côté, travaille sur un nouveau documentaire dont nous attendons aussi la sortie avec impatience, puisqu’il sera consacré à la vidéosurveillance. Un sujet que nous, conducteurs, ne connaissons déjà que trop bien…
En tout cas, sûr qu’après avoir visionné cette enquête rigoureuse, vous serez encore plus motivés pour ajouter votre pierre à l’édifice, en exigeant l’arrêt de la prolifération des radars, au profit d’une politique de sécurité routière qui donnera la priorité à d’autres actions plus constructives, comme l’entretien et la réparation des routes. Alors signez notre pétition « Stop aux radars », si ce n’est déjà fait ! C’est par ici : https://mobilisezvous.liguedesconducteurs.org/stop-aux-radars/