Le Comité Interministériel de la Sécurité Routière (CISR) du 2 octobre a annoncé une nouvelle liste de mesures répressives envers les usagers de la route. Au total, en 2015, le gouvernement a lancé plus d’une mesure par semaine contre les conducteurs. Non seulement ces décisions punissent les conducteurs, y compris lorsqu’ils n’ont pas de comportement dangereux, mais pire encore, l’État pose des pièges pour pousser les gens à la faute.
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En matière de sécurité routière, l’Etat considère les conducteurs comme autant de coupables potentiels à sanctionner. En janvier, le ministre de l’Intérieur a ainsi décidé de dresser des listes de coupables avant infraction : pour faire immatriculer un véhicule, il faut désormais désigner une personne qui possède un permis de conduire et qui paiera pour le fautif si ce dernier n’est pas identifié. L’important est donc que quelqu’un paie, même un innocent. Du même goût, une autre mesure présentée en octobre extorque 650 euros à l’employeur qui n’aura pas dénoncé un employé ayant commis une infraction avec un véhicule de l’entreprise. Plus inquiétant encore, le gouvernement a annoncé son intention de développer, en partenariat avec l'Union Européenne, des systèmes qui empêchent la voiture de dépasser la vitesse autorisée : le conducteur est bridé avant même de commettre le moindre écart. Le conducteur est ainsi d'emblée considéré comme un irresponsable, un "coupable" potentiel, qu'il faut empêcher de nuire.
Une fois qu’il a choisi des coupables, l’État les pourchasse. Une mesure prise en octobre s’apparente notamment à une traque effrénée des conducteurs : le gouvernement va placer, au bord des routes, des radars "leurres". Il s’agira de cabines radars classiques, signalées par un panneau. La plupart seront vides mais pourront, à tour de rôle, contenir un radar. Cette tactique prétend lutter contre des comportements dangereux. Cependant s’il y a un vrai danger sur les routes où seront installés ces leurres, pourquoi l’État n’aménagerait-il pas ces voies plutôt que d’y placer des objets inutiles et coûteux ? Le but de ces 12 000 faux radars semble être d’intimider l’usager de la route même lorsque ni son comportement, ni la route ne présentent un problème. Cette pratique s’apparente à celle de la chasse, où un leurre est un appât factice destiné à tromper les animaux. L’État choisit donc de pister et de tromper les conducteurs qui sont traités comme du gibier de route.
Dans cette chasse au conducteur, les autorités n’hésitent pas à poser des pièges. En effet, sur tous les types de route, on assiste à une baisse programmée des vitesses maximales autorisées : autoroutes à 90 km/h, routes à 80 et villes à 30, sans compter toutes les portions où la vitesse est abaissée sans justification. De cette façon, une conduite qui était légale un jour donné, devient illégale le lendemain. Une vitesse permise se transforme ainsi en un excès de vitesse. Le même conducteur, avec la même conduite non dangereuse, tombe alors en infraction par un simple changement de panneau. D’ailleurs, les radars qui flashent le plus sont principalement situés sur des routes où la vitesse réglementaire a été abaissée. Donc, non seulement le gouvernement traque les conducteurs, mais pire encore, il les piège pour les pousser à la faute. Au lieu d’améliorer la sécurité des routes, l’État punit ainsi des gens qui n’ont pas de comportement dangereux.