Installés sur autoroute plutôt que sur des axes secondaires ; peu déployés dans des départements pourtant accidentogènes ; manque de transparence sur l’utilisation des fonds... : un nouveau rapport sur la politique d’implantation des radars vient une nouvelle fois confirmer la réelle priorité de la politique de sécurité routière : privilégier la logique lucrative à la logique sécuritaire.
Un rapport sénatorial de juillet 2017 sur la politique d’implantation des radars, souligne une nouvelle fois les objectifs mis en place par les pouvoirs publics : privilégier la rentabilité plutôt que de tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité des conducteurs.
En effet, bien que les routes bidirectionnelles soient plus accidentogènes que les autoroutes ou les voies rapides, comme le reconnaît la Mission interministérielle du contrôle sanction automatisé (MICSA), le réseau autoroutier est pourtant le mieux équipé en terme de machines répressives. Pourtant, le taux de mortalité sur ce réseau est de loin le plus faible. Le nombre de tués sur les autoroutes ne représente ainsi que 8 % de la mortalité routière en 2016.
L’explication, selon la MICSA, n’a rien à voir avec la sécurité des usagers : il est plus facile d’une part, d’installer ces dispositifs sur autoroute et d’autre part, le risque de vandalisme y est moins élevé qu’ailleurs. Belle illustration de la politique de sécurité routière !
En outre, ce rapport illustre à l’échelle départementale la faiblesse du lien entre accidentalité et déploiement de radars. Certains départements ayant de mauvais résultats en matière d’accidents ne comptent ainsi que peu d’équipements. En 2015, la Haute-Corse qui est le département qui compte le plus de tués (182), ne compte que 13 radars, alors que le Val-d’Oise, avec 29 tués la même année, recense 57 appareils ! Autre exemple : la Seine-Saint-Denis qui compte pourtant une accidentalité élevée est le département le moins bien équipé de France en matière de radars (0,11 radars pour 1000 habitants contre 0,64 en moyenne dans l’Hexagone). En somme, la rentabilité des appareils compte plus que la sécurité des conducteurs.
Par ailleurs, dans la même lignée que la Cour des Comptes et la Ligue de Défense des Conducteurs, ce rapport dénonce le manque de transparence dans l’utilisation du produit des amendes issues des radars. Seule une faible part est affectée aux infrastructures : l’entretien des routes n’est pas la priorité des pouvoirs publics. Parmi les recommandations évoquées, le rapport propose d’ailleurs de mentionner dans les fiches BAAC, complétées après un accident grave, l’état de la route lors d’un accident. Le rapporteur évoque également l’importance de réaliser un audit annuel de l’état des routes pour être mieux à même de traiter rapidement les dangers recensés.
Enfin, ce rapport recommande également de s’attaquer aux autres causes d’accident que la vitesse. La somnolence, l’alcool et les stupéfiants sont des facteurs sur lesquels il est urgent de renforcer les moyens, notamment par le biais de la prévention. Un message sans cesse martelé par la Ligue de Défense des Conducteurs.