L’année 2017 aura une nouvelle fois été riche en dépenses pour contrôler et sanctionner les usagers de la route. 445,6 millions d’euros de marchés auront ainsi été conclus cette année entre l’Etat et des sociétés qui profitent directement de cette politique répressive, sur le dos des conducteurs.
Pour pouvoir sanctionner systématiquement tous les usagers de la route, la Délégation à la Sécurité Routière investit des sommes considérables dans la politique répressive. Pendant que certaines sociétés profitent de la situation, la mortalité routière, elle, continue d’augmenter.
109,7 millions d’euros pour le déploiement de nouveaux radars
L’année 2017 restera pour les conducteurs celle du déploiement de machines ultrasophistiquées et capables de voir même à l’intérieur des voitures ! Le ministère de l’Intérieur a ainsi attribué, en février dernier, un marché de 101,7 millions d’euros à l’entreprise OT-Morpho (ex Safran) pour l’installation de 400 radars multifonctions. Baptisés Mesta Fusion, ils vont contrôler jusqu’à sept infractions en flashant simultanément 32 véhicules sur huit voies de circulation.
Et ce n’est pas la seule menace, puisque se profile désormais la conduite de voitures radars opérées par des sociétés privées. Un marché régional de 8 millions d’euros (2 millions d’euros par an, sur 4 ans) qui va être attribué d’ici la fin de l’année, permettra à 26 véhicules banalisés de rouler en continu sur les routes de Normandie.
Étonnamment, les clauses de ce marché public sont confidentielles : seules les entreprises ayant participé à l’appel d’offres ont accès à ces informations. Et d’autres marchés sont également concernés. Signe que cette privatisation répond davantage à un objectif de rentabilité que de sécurité ?
292,1 millions d’euros pour la maintenance des radars
Un nouveau marché publié début septembre pour la maintenance opérationnelle des radars déplaçables est lui aussi confidentiel, puisque seuls quelques détails sont rendus publics. D’un montant de 130 millions d’euros, il concerne les radars déplaçables : cela devrait concerner les radars de chantiers ou autonomes mais également les 10 000 futurs radars leurres qui équiperont ou non des cabines sur des itinéraires donnés. Le conducteur ne pourra donc pas savoir quelle cabine est équipée d’un vrai radar.
Les fabricants de ces appareils se frottent les mains car, outre l’achat de ces machines, ils sont les seuls à pouvoir entretenir leurs radars en fournissant les pièces détachées. Et, là aussi, les sommes sont attractives : 44,9 millions d’euros en février 2017 pour la maintenance des radars Gatso, pour l’entreprise Fareco ; 55,2 millions d’euros en mars pour l’entreprise OT-Morpho pour les radars Mesta.
L’entreprise Satelec SAS, quant à elle, a remporté en mars dernier le marché de 62 millions d’euros pour la maintenance opérationnelle de l’ensemble des radars automatiques. En effet, outre la maintenance générale de ces machines à flashs, un second marché est nécessaire pour disposer des pièces de rechange auprès des fournisseurs.
43,8 millions d’euros pour améliorer la politique répressive
Pour renforcer cette politique de sanction permanente et ne laisser aucune chance aux usagers de la route, une enveloppe conséquente est affectée à la sécurisation des données transmises entre les radars et le centre de Rennes qui gère les PV. Un marché de 30 millions d’euros a été publié en août dernier à cet effet.
Par ailleurs, 6,5 millions d’euros attribués en avril 2017 à Klee Conseil et Intégration visent à renforcer le recouvrement des amendes. De plus, pour continuer à surveiller et sanctionner les conducteurs, 6,3 millions d’euros attribués à Aximum vont permettre l’aménagement de futurs emplacements destinés aux radars. 6 000 emplacements sont ainsi concernés pour les 248 radars autonomes !
Enfin, 1 million d’euros attribué au Laboratoire national de Métrologie et d’Essais vise à homologuer toujours plus d’appareils sophistiqués pour la sanction des conducteurs. Le Mesta Fusion vient ainsi d’être validé et va pouvoir commencer sa carrière de mouchard. D’autres machines pourraient également suivre, comme le radar NK7 utilisé en Belgique et caché dans les poubelles.
Au-delà de la mobilisation pour s’opposer aux projets en cours, les discussions parlementaires au sujet du projet de lois de finances 2018 donneront l’occasion à la Ligue de Défense des Conducteurs d’intervenir auprès des élus pour mettre un terme à ces mesures répressives en réaffectant par exemple des crédits à des projets véritablement utiles pour la sécurité des conducteurs.