Alors que dans l’Hexagone, le gouvernement veut expérimenter l’abaissement des limitations de vitesse à 80 km/h sur le réseau secondaire avant la fin de l’année, nos voisins européens, conscients que la vitesse ne tue pas, font le chemin inverse.
Crédit Ben Lerchin -Creative Commons
Suisse : vers un relèvement de la vitesse à 140 km/h ?
Pourra-t-on bientôt rouler à 140 km/h en Suisse ? Les Helvètes, pourtant souvent raillés en France pour leur lenteur légendaire, en prennent en tout cas le chemin : lancé début février, un texte demandant de porter de 120 à 140 km/h la limitation de vitesse sur les autoroutes suisses a recueilli en cinq jours seulement plus de 132 000 «j'aime» sur Facebook (alors que le pays ne compte que 8 millions d’habitants !). Fort de ce soutien populaire massif, et avec le soutien d’élus helvètes, Marco Schläpfer, le Zurichois porteur du projet, compte maintenant lancer une initiative populaire. Cette procédure permet en Suisse de déposer un projet de loi à la condition d’avoir recueilli au moins 100 000 signatures.
Royaume-Uni : moins de radars = moins de morts !
Quant au Royaume-Uni, avec une vitesse limitée à 100 km/h (60 miles/h) sur le réseau secondaire, le pays est celui qui comptait en 2012 le moins de morts sur les routes dans l’Union européenne, après Malte : 28 pour un million d’habitants, soit deux fois moins qu’en France !
Plus frappant encore : la Grande-Bretagne, après avoir développé l’installation de radars fixes à partir de 1992, a fait machine arrière en 2010 en démontant 700 machines. Or, la mortalité routière a continué à diminuer, passant de 38 tués par million d’habitants en 2009 à 31 en 2010 et 2011, et 28 en 2012.
Ces bons résultats s’expliquent notamment par une politique de sécurité routière bien différente de la nôtre : le réseau autoroutier y est très développé et bien relié à la plupart des villes. Quant au système de sanctions, il se focalise sur les vrais risques d’accidents, comme l’alcoolisation excessive et les comportements dangereux au volant.
Allemagne : prévention plutôt que répression
Autre exemple bien connu : celui de l’Allemagne. Sans limitation de vitesse sur autoroute, et avec une vitesse là aussi limitée à 100 km/h sur le réseau secondaire, le nombre de tués sur la route devrait être inférieur à 3 300 en 2013 en Allemagne…soit le même nombre qu’en France, pour 20 % d’habitants en plus. Outre-Rhin, on mise plus sur la prévention et l’entretien du réseau que sur la répression. Et ces dix dernières années, la mortalité routière y a décru de moitié…quasiment sans radars !
Etats-Unis, Australie, Canada : halte aux radars !
Bien d’autres pays sont en guerre contre les radars : depuis le début des années 2000, quinze Etats et dix villes de plus de 200.000 habitants ont interdit les contrôles automatisés aux Etats-Unis, comme l’Arizona à la fin de l’année 2010 ou encore la ville de Houston (Texas), 4e plus grande ville des USA, au 1er janvier 2011.
Les Canadiens sont eux aussi largement hostiles aux radars fixes : dès 1995, l’Etat d’Ontario les a bannis, avant d’être imité par la Colombie britannique quelques années plus tard.
Quant à l’Australie, l’usage des radars fixes a été expérimenté en 2004 dans l’Etat de Victoria, avant d’être abandonné un an plus tard à la suite d’une enquête des autorités locales montrant que les appareils n’étaient pas fiables.
Alors que tous ces exemples montrent qu’une autre politique de sécurité routière basée sur une conduite responsable est possible, combien de temps la France persistera-t-elle dans son dogme anti-vitesse et son modèle de répression absurde ?