Après des centaines de kilomètres parcourus d’est en ouest sous la neige, à travers le centre de la France, nous nous arrêtons à Figeac, dans le Lot. C’est au fond d’une vieille ruelle que vit Olivier, avec sa femme et son fils. À 51 ans, ce violoniste reconnu parcourt plus de 20 000 kilomètres par an pour son travail. Sa voiture, une BMW Série 2, il assure ne pas pouvoir s’en passer, et n’envisage aucunement sa vie professionnelle sans son véhicule. Il faut dire qu’en se rendant régulièrement aux quatre coins du pays, voire à l’étranger, notamment en Italie, il lui serait coûteux, à la fois financièrement mais aussi en termes de temps, d’effectuer ces trajets autrement qu’en voiture : « Prendre le train pour aller à Paris, prendre un avion jusqu’à Gênes, puis un taxi jusqu’à la salle de concert, oui c’est faisable, mais si je prends ma voiture ça me coûtera deux fois moins cher et ça ira trois fois plus vite. C’est par lucidité et par pragmatisme que je fais ce choix. Après, si certains ont envie de faire autrement, je suis prêt à me battre pour défendre leur liberté de le faire, mais à partir du moment où ceux-là même disent ‘moi je veux vivre comme ça et je veux te forcer à vivre comme je veux’, ce n’est plus du tout pareil », dénonce-t-il.
Notre sympathisant, qui a son permis depuis trentetrois ans, ne supporte pas d’être réduit à son statut d’automobiliste et d’avoir l’impression que certains veulent sans cesse opposer les différents types de mobilités. « Les autres types de mobilité m’intéressent aussi. Le discours qui vise à opposer les piétons, les vélos, les voitures… est mensonger. On est tous au moins piétons et automobilistes. Je pense que le fait de nous monter les uns contre les autres est malhonnête, et que l’arrière-pensée, c’est de jeter l’opprobre sur les voitures. Or, jusqu’à nouvel ordre, les voitures c’est la majorité… »
Pour notre violoniste, l’automobile est devenue un véritable bouc-émissaire, choisi pour être responsable de tout. Avec un véritable impact sur notre qualité de vie : « Je pense à la politique du tout-radar déresponsabilisante, aux abaissements de limitations de vitesse constants depuis trente ans, aux Zones à faibles émissions qui sont autant de zones anti-pauvres… Sur ce sujet, j’attends toujours que les partis de gauche se battent pour défendre les droits des populations les plus modestes à circuler partout où elles doivent se rendre, car ce sont elles, en priorité, qui n’auront pas les moyens de changer leur vieille voiture contre une plus récente. » À l’approche de l’élection présidentielle, c’est la résignation qui, malheureusement, l’emporte : « Je prêterai attention à ce que les candidats diront sur l’automobile, mais sans grand espoir, car pour moi, la situation ne peut qu’empirer. Pourtant, la voiture est un objet vital à notre quotidien, qui fait partie de notre société qu’on le veuille ou non, elle devrait donc faire partie des programmes. Le problème c’est qu’il y a une minorité dominante qui a réussi à créer un consensus médiatique qui va clairement contre la réalité des faits. Parce que prétendre vouloir changer les gens, sous la contrainte, je veux bien, mais dans ce cas-là on n’est plus en démocratie. Le résultat, c’est que les gens sont dégoûtés par l’attitude qu’a le gouvernement envers les automobilistes. Pourtant, nous ne sommes pas une catégorie à part, nous sommes tout le monde ! »