C’est le site radars-auto.com qui dévoile le scoop : les radars tronçons, pas assez rentables et trop chers à entretenir, vont disparaître, remplacés par des radars tourelles. L’occasion pour la Ligue de Défense des Conducteurs de refaire le point sur ce poste de dépense méconnu : la maintenance des radars. Autant vous dire que ça coûte bien plus cher qu’un contrôle technique…
Pour rappel, un radar tronçon, c’est ce double dispositif qui calcule le temps que vous avez mis pour parcourir quelques kilomètres, dont il peut déduire si oui ou non, vous avez respecté la limitation de vitesse. Or, il semblerait que toute cette artillerie, intégrée à la panoplie des équipements de contrôle automatisé de la vitesse il y a une dizaine d’années, n’ait pas rendu les services escomptés par la patrie. Si l’on en croit le dernier bilan des infractions routières publié, il en restait 97 en activité au 1er janvier 2022, sur un parc de 4 600 radars. Mais il se trouve que chacun de ces tire-au-flanc a relevé moins de 5 100 excès de vitesse en 2021, pour un coût d’entretien annuel de 13 650 €. À titre de comparaison, les 912 radars fixes classiques ont flashé, chacun, 8 250 fois en moyenne, alors que leur maintenance à l’unité est de 3 950 € annuels (soit 3,5 fois moins cher qu’un « tronçon ») : normal que le couperet finisse par tomber pour le mauvais élève de la famille radars !
31 320 euros pour une voiture-radar
L’État reproche donc à ces radars tronçons, qu’on appelle aussi « vitesse moyenne », d’être trop chers à entretenir, écrit radars-autos.com. Comme tous les types de radars en vérité, à notre avis.
Pour vous en convaincre, nous nous sommes à nouveau plongés dans l’analyse que la Cour des comptes effectue chaque année du compte d’affectation spéciale « Contrôle de la circulation et du stationnement routiers » de l’État. L’édition 2022, qui concerne l’exécution budgétaire 2021, en profite pour souligner, comme les précédentes, l’opacité des dépenses liées aux recettes des radars : « certaines dépenses imputées sur le CAS n’ont aucun lien avec la sécurité routière » y lit-on. Avec cette précision : « les nombreux documents budgétaires ne permettent pas de retracer de manière lisible et suffisamment détaillée l’usage des crédits issus des amendes ».
En attendant que l’État daigne prendre en compte ces remarques – sans compter le fait que la Cour des comptes se pose également des questions sur les résultats de la politique ultra répressive de la sécurité routière (lire ici) – nous avons pensé que vous seriez intéressés par le barème du coût de maintenance de chaque famille de radars, ainsi que sa progression d’une année sur l’autre… avec l’inflation que nous avons connue fin 2022 et qui se poursuit en 2023, gageons que la prochaine grille de tarifs gonflera bien davantage !
Vous noterez donc que les radars tronçons occupent la troisième place du podium, derrière les voitures-radars (privatisées ou pas) et les radars chantiers. Si l’entretien des radars tourelles, lui, coûte un peu moins cher en 2021 qu’en 2020 (- 0,48 %), c’est sûrement que les entreprises qui les réparent concèdent des remises pour ce bon client qu’est l’État, leur nombre étant passé de 754 début 2021 à 938 début 2022… en attendant d’atteindre les 1 000 en 2023. En revanche, on constate que la maintenance des radars « feu rouge » a explosé et que celle des radars mobiles est, elle aussi, nettement supérieure à la moyenne.
À la Ligue de Défense des Conducteurs, notre point de vue n’a pas changé sur les radars et leur « efficacité » que la Cour des comptes, tout comme nous, remet désormais en question. La mortalité routière, en effet, n’a pas reculé depuis dix ans, alors que le nombre de radars a explosé. Plutôt que provisionner des dizaines et des dizaines de millions d’euros pour leur maintenance, et si l’État changeait de politique de sécurité routière ? Les pistes ne manquent pas : lutte contre l’alcool et les stupéfiants au volant, meilleure formation à la conduite, état des routes…