Un seuil de déclenchement abaissé, un montant maximal relevé et déplafonné, la nouvelle grille pour 2024 du malus CO2 dévoilée dans le projet de loi de finances (PLF) s’est considérablement durcie. Certains modèles sont tout simplement appelés à disparaitre de nos routes pour cause de fiscalité excessive… Laquelle n’épargne pas non plus les véhicules les plus vendus en France. Votre Clio comme le 2008 du voisin.
60 000 euros ! Voilà l’astronomique montant maximal du malus CO2 édition 2024. Pour avoir à le débourser à partir du 1er janvier prochain, pas besoin d’acheter une Porsche ou une Ferrari. La Ford Mustang, voiture « plaisir » par excellence, va voir ainsi son prix s’envoler à… 118 000 euros. Comptez 58 400 euros pour cette belle mécanique (prix qui comprend déjà 20 % de TVA) et ajoutez-lui donc les fameux 60 000 euros que lui coûtent ses 256 g de CO2 /km. Contre 29 200 euros en 2023 (une somme déjà scandaleusement élevée) et encore, parce que jusqu’à la fin de l’année, le malus (de 50 000 euros maximum) est plafonné à 50 % du prix du neuf. Plafonnement qui explose en vol l’année prochaine. Pas sûr que les 16 clients qui ont malgré tout craqué pour ce modèle depuis janvier 2023 ressortiraient leur carnet de chèques dans quelques mois.
De toute façon, en 2024, cette surtaxe qui frappe les voitures neuves les plus émettrices de CO2 n’épargnera même plus les véhicules qui trustent le top des ventes en France. Elle se déclenchera en effet à partir de 118 g/km, contre 123 g/km en 2023. Ainsi, certaines versions de la Renault Clio, voiture la plus vendue dans l’Hexagone, se retrouveront concernées. La motorisation essence SCe 65 ch (on ne parle donc pas d’un bolide…) passe de 0 à 125 euros de malus. Autres stars des ventes, les Citroën C3 (PureTech 83 ch) et Peugeot 2008 (PureTech 100 ch), voient leur taxe grimper de 120 euros, avec un malus qui passe de 50 à 170 euros.
Il n’y a pas que pour les émissions de CO2 que la taxation évolue. Le malus au poids est lui aussi durci et rebaptisé « Taxe sur la masse en ordre de marche (TMOM) ». « Taxe mahousse » aurait été plus adaptée : à partir du 1er janvier 2024, il se déclenchera dès 1 600 kg contre 1 800 kg aujourd’hui et sera progressif : 10 euros par kilo supplémentaire entre 1 600 et 1 799 kg, 15 euros entre 1 800 et 1 899 kg, 20 euros entre 1 900 kg et 2 tonnes, 25 euros jusqu’à 2 100 kg, et un plafonnement à 30 euros par kilo supplémentaire au-delà des 2,1 tonnes. Si les 100 % électriques y échappent encore, les hybrides rechargeables n’ont droit qu’à un an de sursis : ils seront visés en 2025.
Le gouvernement poursuit donc son acharnement fiscal envers les automobilistes en ratissant de plus en plus large afin de n’épargner personne*. De la petite citadine essence aux voitures « plaisir » en passant par les modèles familiaux, tout est bon pour assommer les conducteurs dès l’achat de leur véhicule. Une sorte de cadeau de bienvenue avant de nous rançonner ensuite à tout-va sur le carburant, les péages et autres PV.
*Seuls acheteurs exemptés : les familles de plus de trois enfants, qui bénéficient d'un abattement de 200 kg par enfant. Ce dernier ne pourra désormais être sollicité qu'une fois sur une période de deux ans.