L'abandon de l'éco-taxe, dont les rentrées financières étaient destinées à combler le déficit de l’Agence de Financement des Infrastructures de Transport de France(AFITF), risque bien de se traduire par un nouveau racket des conducteurs via une hausse des péages autoroutiers, et ce pour financer les transports en commun. Une nouvelle injustice à laquelle s'oppose fermement la Ligue de Défense des Conducteurs.
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Encore une fois, les conducteurs se retrouvent contraints d'assumer les erreurs du gouvernement… pour un service qu'ils n'utilisent même pas ! L'abandon de l'éco-taxe risque en effet de faire des conducteurs les grands perdants de ce mauvais calcul gouvernemental.
L’AFITF, qui est chargée de financer des projets d’infrastructures (route, transports en commun, rail…) misait en effet sur l’écotaxe pour continuer à financer ses projets. L’Etat en a décidé aut ement en reportant l’idée de taxer les poids lourds. Résultat : ce sont les conducteurs qui risquent de payer cet abandon. En effet, l’AFITF se finance principalement de taxes appliquées aux sociétés concessionnaires d’autoroutes qui reportent directement leur coût sur le prix des péages et donc, sur les conducteurs.
Une agence financée par l'argent des conducteurs
Il faut dire que depuis 2008, cette agence est à bout de souffle, et ne dispose plus des fonds nécessaires pour mener à bien ses engagements. Ainsi, en 2013, les recettes de l’AFITF étaient de 1,5 milliards d'euros contre 2,6 Mds de dépenses. Et en mars 2014, France Info révélait que 120 projets de transports, dont 52 lignes de bus, 16 lignes de tramways et deux lignes de métro étaient en « stand by » suite à la suppression de l’écotaxe. Si le gouvernement n’arrive pas à trouver une solution, les taxes appliquées aux gestionnaires des autoroutes risquent à nouveau d’augmenter, obligeant de nouveau les conducteurs à payer ces mauvais choix de politiques publiques.
Ce nouveau sacrifice pourrait encore leur paraître acceptable si le budget de l'AFITF était majoritairement consacré à la construction et l'entretien des infrastructures routières. Et ce d'autant plus que l’AFITF a réalisé un bénéfice de quatre milliards d’euros suite à la privatisation des autoroutes.
Une majorité du budget consacré aux transports en commun
Or il n'en est rien : depuis 2005, sur 33,7 milliards dépensés par l’AFITF, seuls 10,5 milliards d’euros, soit moins d’un tiers de son budget, ont été destinés au transport routier. Les deux tiers restants servent principalement au transport ferroviaire et aux transports collectifs d’agglomération. En d’autres termes, l’Etat se sert des conducteurs pour cofinancer le développement des transports en commun.
Pire, cette politique de financement ne répond à aucun choix rationnel économiquement parlant. En 2013, toutes taxes confondues, la route a rapporté à l’Etat 37,4 milliards d’euros. En regard de cette somme, l’endettement cumulé de la SNCF et de Réseau Ferré de France s’élève de son côté à hauteur de 40 milliards d’euros. Cette situation explique en partie pourquoi, depuis plusieurs années, ce sont bel et bien les conducteurs qui financent presque à eux seuls cette agence.
Selon le Service d'études sur les transports, les routes et leurs aménagements (SETRA), un kilomètre d’autoroute non concédée coûte ainsi à l’Etat 6,2 millions d’euros. Un kilomètre de tramway à Paris coûte lui, 25 millions d’euros minimum du kilomètre, c’est-à-dire quatre fois plus cher . Et le coût de la construction d’un kilomètre de tramway aurait permis, s’il était dépensé sur la route, d’entretenir environ 362 kilomètres d’autoroute non concédée .
En attendant, et malgré les 37,4 milliards d’euros annuels que les conducteurs rapportent directement à l’Etat à travers l’ensemble des taxes, la route ne cesse de se dégrader, entraînant de sérieux problèmes de sécurité : faut-il ainsi rappeler que dans 40 % des accidents mortels, le facteur des infrastructures est en jeu ?
La Ligue de Défense des Conducteurs s'oppose fermement à ce que les conducteurs soient une nouvelle fois les victimes d'erreurs gouvernementales, et qu'ils soient contraints de payer de leur poche des projets de transports en commun démesurés, pendant que leur sécurité sur les routes est sacrifiée.