Dans son bilan statistique des infractions, l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière ose présenter son arsenal infernal de radars de manière triomphale, à la façon d’un top 10. Un top 10 de la honte quand on sait qu’ils sévissent presque tous sur autoroute, là où la mortalité routière est la plus faible, et sur des portions où la vitesse a été abaissée ... là où la rentabilité est la plus forte !
La liste des radars les plus redoutables de France a été dévoilée et les 3 premiers sont de vrais stakhanovistes du flash ! 1 flash toutes les 4 à 5 minutes et cela toute l’année ! Regardez bien ce tableau, où les flashs sont appelés MIF (messages d’infraction) et la vitesse à respecter est désignée par VMA (vitesse maximale autorisée) : c’est à peine croyable ! 6 radars à plus de 100 000 flashs !
Radars le long d’autoroutes et vitesses réglementaires incroyablement basses = jackpot pour l’Etat !
Présentés par la Sécurité Routière comme de vrais champions, ces radars agissent pour la plupart dans des zones piégeuses, histoire de rançonner plus facilement le conducteur qui aura eu le malheur de ne pas regarder son compteur toutes les deux secondes pour pouvoir se focaliser sur les dangers de la route.
Ainsi, vous trouverez 9 des 10 cabines les plus diaboliques de ce classement sur des autoroutes. Inutile de rappeler que c'est sur les autoroutes que la mortalité routière est la plus faible, l’enjeu est ailleurs… Mais en plus d’être installés le long d’autoroutes, ces radars le sont sur des portions où la vitesse est incroyablement basse (70, 90 ou 110 km/h) au regard de la vitesse usuellement pratiquée sur autoroute (130 km/h). Et bien sûr, ces radars de la honte sont bien souvent placés dans des lignes droites bien dégagées ou dans des zones dont la limitation a changé récemment.
C’est d’ailleurs le cas pour le leader de ce classement, situé à Cagnes-sur-Mer (dans le sens Nice-Cannes) sur une autoroute où la limitation est récemment passée de 110 à 90 km/h, qui a flashé le plus d'automobilistes avec un total impressionnant de 115 558 flashs ! Suivi de près par le radar d'Etrembières, positionné sur l'autoroute A40 dans le sens Chamonix-Mâcon, habitué du podium, qui arrive cette année en deuxième position avec 112 684 flashs. C’est le radar de Janvry, sur l'autoroute A10, dans le sens province-Paris, qui monte sur la troisième marche du podium avec 111 728 flashs.
Avec des emplacements piégeux de ce type, la fabrique du flash tourne à plein régime et c’est toujours le conducteur qui trinque : scandaleux !
Des radars pour sauver des vies ? Non, une manne financière pour l’État !
Les radars les plus flasheurs étant placés le long des autoroutes, réseau routier où la mortalité est la plus faible, ils n’ont pas permis de réduire drastiquement la mortalité routière… Mais si on additionne les flashs des radars de ce top 10, cela donne plus d’un million de flashs : le nombre est hallucinant ! Et une fois converti en PV (avec le montant minimum pour excès de vitesse : 45 €) on n’obtient pas moins de 45 millions d’euros rackettés à des conducteurs, en écrasante majorité pour de petits dépassements (96% des flashs des radars), et ce uniquement pour ces 10 radars.
Quand on vous dit que c’est encore mieux qu’un casino…
D’ailleurs, les seuls radars automatiques ont permis de ponctionner les comptes des conducteurs à hauteur de 864,4 millions d'euros en 2018, avec plus de 14 millions de PV. Tous radars confondus, la somme atteint 1,75 milliard d'euros.
Preuve supplémentaire de l’intérêt de l’État pour cette manne financière, pour 2020, le Gouvernement est prêt à allouer un budget supplémentaire de 190 millions d’euros pour l’entretien et le déploiement des radars.
Pointant sans cesse du doigt l’inefficacité des radars, la Ligue de Défense des Conducteurs se mobilise contre cette politique du tout répressif avec sa pétition « Stop aux radars », signée par plus de 115 000 conducteurs responsables, et avec sa campagne auprès des députés, pour leur demander de s'opposer aux dépenses pour les radars voulues par le gouvernement.
Source : bilan statistique 2018 des infractions au code de la route et au code des transports, ONISR 2019.