En mars, 154 personnes ont perdu la vie en voiture, soit une baisse de 39,6 % par rapport au même mois l’an passé. Pas satisfaisant en cette période de confinement où la mortalité devrait être encore inférieure, selon la Sécurité routière. Laquelle insiste par ailleurs sur « l’augmentation » des grands excès de vitesse sur la même période... Un parallèle tout sauf anodin, selon la Ligue de Défense des Conducteurs.
La baisse de la mortalité sur les routes est historique, en ce mois de mars 2020. Historique mais logique, compte tenu du confinement de la population. Pour autant, David Julliard, l’adjoint au délégué à la Sécurité routière (une chaise vide depuis le départ d’Emmanuel Barbe début février), contacté par l’AFP, relativise et parle de « chiffres en trompe-l’œil », supérieurs « à ce que l’on attendait », puisque cette diminution est « inférieure à celle du trafic ».
N’attendez pas davantage d’analyse sur les circonstances dans lesquelles 154 personnes ont perdu la vie en mars (-39,6 %), dans le cadre d’un accident de la route. En revanche, dans son communiqué de presse où sont dévoilés ces résultats du mois dernier, la Sécurité routière n’hésite pas à évoquer en parallèle, depuis le confinement, le « nombre inquiétant de grands excès de vitesse ». Lesquels, rappelons-le, ne constituent que 0,26 % des infractions à la vitesse… La hausse de 12 % des excès supérieurs à plus de 50 km/h par rapport à la vitesse maximale autorisée, constatée entre le 30 mars et le 5 avril (comparé à la semaine du 9 au 15 mars), ne concerne donc qu’une part infime des automobilistes (lire notre article de la semaine dernière sur le sujet).
Ce parallèle entre mortalité et vitesse nous apparaît aussi importun que déplacé. Tout d’abord, le confinement n’ayant été déclaré que le 17 mars à 12 h, les statistiques d’accidentologie n’avaient malheureusement aucune raison de baisser drastiquement durant cette première partie du mois. Il aurait été heureux de distinguer deux périodes (avant/après) plutôt que de communiquer sur une baisse de 39,6 % qui lisse la mortalité sur le mois entier. Ensuite, les grands excès de vitesse constatés par les forces de l’ordre depuis le confinement ne l’ont pas été à l’occasion d’accidents, mais simplement parce que les automobilistes concernés sont passés devant des radars ou des jumelles… A la Ligue de Défense des Conducteurs, il nous semble peu justifiable d’associer les responsables de grands excès de vitesse, détectés sur la deuxième quinzaine de mars, à ceux qui ont provoqué les accidents ayant entrainé des victimes sur la même période, car ce ne sont pas, a priori, les mêmes personnes.
Notre association n’encourage personne à rouler trop vite. En revanche, nous aimerions davantage de transparence dans les chiffres de l’accidentologie routière… et d’honnêteté dans leur analyse.