La plupart des municipalités multiplient et généralisent, depuis plusieurs années déjà, les zones limitées à 30 km/h. Quand cette baisse de la vitesse ne concerne pas la ville entière, comme ce sera le cas notamment à Paris à partir du 30 août 2021… Avec souvent un même objectif avancé, celui de diminuer la pollution. Or une toute nouvelle étude du Cerema démontre que ces mesures de réduction de la vitesse provoquent en réalité l’effet inverse.
Réalisée à la demande de la Direction générale des infrastructures, des transports et de la mer (DGITM), l’étude du Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques) parue le 17 août a pour but d’évaluer l’impact des mesures de limitation de vitesse sur la pollution automobile et les gaz à effet de serre (GES). Ces travaux confirment notamment que rouler à 30 km/h en ville s’avère bien plus polluant qu’à 50 km/h ! Concrètement la « vitesse idéale » pour limiter au maximum les émissions (CO2, particules fines, etc.) des véhicules diesel ou essence se situe aux alentours de 70 km/h. Une allure certes bien trop élevée en ville. Mais rouler à 30 km/h, à bord d’un véhicule équipé d’un moteur thermique ne se révèle pas non plus recommandable, engendrant une pollution en hausse de 15 % par rapport à une vitesse de 50 km/h et équivalente à 130 km/h, toujours selon l’étude du Cerema. La décision de la mairie de Paris d’abaisser au 30 août la vitesse maximale à 30 km/h dans toute la ville s’avère dès lors être de la pure communication politique. Car, passé l’effet d’annonce qui s’inscrit dans la « bataille culturelle » que David Belliard, l’adjoint écologiste d’Anne Hidalgo, revendique de mener, cette mesure est tout simplement contre-productive et produit l’effet inverse de celui escompté.
Des stratégies anti-voitures qui font augmenter la pollution
L’étude se montre aussi très critique vis-à-vis de la stratégie de réduction de la place de la voiture dans certaines métropoles. Car la multiplication des entraves à la circulation (30 km/h, fermeture de voies...) crée artificiellement des embouteillages, jusqu’à faire du surplace, engendrant une pollution supplémentaire qui pourrait être évitée en fluidifiant au maximum le trafic. Tout le contraire de la stratégie de la mairie de Paris qui consiste à dégouter les automobilistes de circuler dans ses rues.
Le Cerema rappelle pourtant dans son étude que « pour les véhicules légers comme pour les poids-lourds, les émissions sont importantes à très faible vitesse (jusqu’à 30 km/h environ), ce qui signifie que les situations de congestion du trafic routier sont très pénalisantes du point de vue de la qualité de l’air ». Alors quand on se veut le chantre de la lutte contre la pollution en ville, il y a mieux comme solution que de volontairement organiser des embouteillages. En même temps, à quoi d’autre peut-on s’attendre quand on sait que ces décisions sont prises sans la moindre étude d’impact par des élus dont la seule compétence en la matière relève du dogmatisme ?
Tellement aveuglées par leur idéologie anti-voitures et anti-automobilistes, de nombreuses métropoles, Paris en tête, ne cessent de prendre des mesures qui, en plus de porter préjudice à tous ceux qui ont quotidiennement besoin de leur véhicule, sont aberrantes d’un point de vue écologique. À la Ligue de Défense des Conducteurs on se demande combien d’études seront nécessaires aux municipalités pour que celles-ci se rendent compte des errements de leur politique environnementale qui ne font finalement qu’aggraver la situation. Elles seraient bien avisées de consulter la nôtre, intitulée « La face cachée des villes à 30 km/h », rédigée en 2017 mais qui conserve toute son actualité, renforcée aujourd’hui par les conclusions de celle du Cerema.