Ultra connectés = ultra surveillés

Il y a quelques jours, l’annonce du recours à l’intelligence artificielle pour affûter les capacités des radars de dernière génération à « capter » de plus en plus d’infractions a fait sensation. La nouvelle étude de notre association, « Tous fliqués – Caméras, capteurs, GPS, radars… quand la technologie se retourne contre les conducteurs », tombe donc à pic pour alerter les citoyens sur les dérives possibles liées à leur vie d’automobilistes connectés, scrutés, filmés à chaque seconde. Vos données valent de l’or, les entreprises privées et l’État l’ont compris bien avant vous !

« Souriez, vous êtes filmés ». L’adage n’a jamais autant concerné les automobilistes. Le conducteur est désormais épié dans son habitacle par son propre véhicule, et plus seulement par des radars sur le bord des routes… Lesquels se perfectionnent toutefois chaque jour davantage pour mieux sanctionner votre comportement au volant, cette fois depuis l’extérieur.

Impossible de passer entre les gouttes, comme l’explique notre nouvelle étude « Tous fliqués – Caméras, capteurs, GPS, radars… quand la technologie se retourne contre les conducteurs ». En effet, dans trois chapitres distincts, nous expliquons comment la voiture connectée est devenue une mine d’informations sur son utilisateur, comment ce flicage génère d’inédites sources de revenus pour de nombreuses entreprises privées, dont bien sûr les constructeurs et, enfin, comment les nouvelles technologies sont devenues de précieuses alliées des forces de l’ordre.

Bien sûr, nous bénéficions aussi de l’utilisation de nos données, ne serait-ce que dans le cadre de la maintenance de notre véhicule, notre confort de voyage ou de l’assistance d’urgence. Mais les champs d’application sont tellement immenses, les entreprises alléchées par l’extraordinaire potentiel que représente l’identification de nos déplacements ou de nos petites habitudes en voiture, les débordements et dérives liés aux failles informatiques ou aux actes malveillants des hackers tellement inquiétants qu’à la Ligue de Défense des Conducteurs, il nous a semblé primordial de tirer la sonnette d’alarme.

Qu’on le veuille ou pas, nous sommes tous devenus des sujets d’observation. Car lorsque nous achetons une voiture neuve aujourd’hui, elle est évidemment hyper connectée. Sur le papier, les caméras et capteurs qui décortiquent notre comportement à bord sont à notre service : ils nous font gagner du temps et rendent nos véhicules plus sûrs. Mais notre enquête a permis de relever de nombreux débordements, comme des collectes de données non justifiées par les constructeurs automobiles, la revente de ces données à des entreprises tierces sans que le propriétaire du véhicule en soit informé, ou encore le non-respect de la vie privée. Parallèlement, au nom de la sécurité routière, l’État a développé un véritable business autour de nos données, faisant appel à toujours plus d’innovations technologiques– notamment l’IA, comme on l’a appris ces derniers jours – pour ses radars et ses dispositifs de vidéoverbalisation, traquant nos moindres faits et gestes et distribuant des PV à la pelle. Certes, pour traquer les conducteurs, on n’est pas encore allé aussi loin en France qu’en Suisse, aux États-Unis ou en Ouganda, comme nous l’expliquons dans notre étude. Mais qui sait ce qui nous attend demain ? 

Au cœur de la problématique des données automobiles, évidemment, les gros sous. Certains experts de la filière estiment que les données du véhicule sont d’ores et déjà plus rentables que la voiture elle-même. Les assureurs salivent ainsi à l’idée du business du « Pay as you drive », consistant à moduler le montant des primes d’assurance selon la distance parcourue, c’est-à-dire en suivant les conducteurs à la culotte. En France, les forces de l’ordre s’appuient sur les technologies les plus abouties pour verbaliser. À l’échelle internationale, espionnage et piratage via l’automobile sont au cœur de toutes les préoccupations. Décidément, les mésaventures de la voiture hyperconnectée ne font que commencer…

À lire ici, notre nouvelle étude de notre association, « Tous fliqués – Caméras, capteurs, GPS, radars… quand la technologie se retourne contre les conducteurs ».