« Crispations », « vives incompréhensions », « accompagnement insuffisant », la mission d’information du Sénat vient de remettre son rapport sur les Zones à faibles émissions (ZFE) et elle n’est pas tendre avec ce dispositif. Questionnée pour l’occasion, la Ligue de Défense des Conducteurs est citée à plusieurs reprises. Mieux, les sénateurs nous rejoignent sur l’une de nos principales revendications : un report à 2030 du déploiement des ZFE.
Après l’Assemblée nationale en octobre 2022, notre association, chargée de représenter les conducteurs dont le quotidien sera affecté par les ZFE, a été interrogée au printemps 2023 par le Sénat. Déficit d’information des usagers, aides insuffisantes, calendriers d’application impossible à tenir, manque d’alternatives à la voiture, etc., nous leur avons fait part de vos craintes et de vos interrogations, de manière franche et constructive.
À la lecture du rapport final de la mission d’information, on peut légitimement se dire que nous avons été entendus. La situation est en train d’évoluer et si le Sénat ne remet pas en cause le principe des ZFE, il affirme que le dispositif « ne saurait devenir l’alpha et l’oméga » de la lutte contre la pollution atmosphérique. Une clarification bienvenue.
Dans les faits, les sénateurs ont bien noté que « d’après la Ligue de Défense des Conducteurs, l’information des usagers est diluée dans la multiplication des règles, des calendriers, des dérogations, toutes spécifiques à chaque ZFE, créant une cacophonie rendant l’accès aux renseignements illisibles ». Pour tenter d’y remédier, le Sénat estime notamment qu’une « mise en œuvre concertée à l’échelle régionale doit être envisagée », afin de garantir un déploiement coordonné des ZFE dans les territoires.
Alors que les interdictions de circuler liées au dispositif devraient concerner 13 millions de véhicules en moins de deux ans selon le rapport, la Ligue de Défense des Conducteurs a souligné auprès de la mission d’information que « la connaissance de ce dispositif est pourtant un prérequis pour l’acceptation de cette révolution de nos mobilités ». Une acceptation plus difficile à obtenir chez les personnes éloignées des centres-villes et qui sont les plus dépendantes de leurs véhicules, « alors que la hausse des prix de l’immobilier a bien souvent conduit ces ménages à résider hors des agglomérations, dans des zones qui ne sont pas ou peu dotées de transports collectifs », note le Sénat dans son rapport. Et de préciser, « leur interdire l’accès à ces métropoles lorsqu’ils souhaitent s’y rendre pour travailler ou pour leurs loisirs pourrait ainsi s’apparenter à une triple peine ».
Les sénateurs, dans leur neuf propositions, recommandent donc notamment de repousser « au 1er janvier 2030 la date butoir de création d’une ZFE dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants, et en leur laissant la possibilité de recourir à des solutions alternatives ». Ils rejoignent ainsi une demande de la Ligue de Défense des Conducteurs qui préconise un même report de cinq ans. Une position que nous défendons depuis des années par le biais de notre pétition, signée par près de 245 000 personnes et qui vise justement à ce que personne ne reste, quasiment du jour au lendemain, à la porte des plus grandes métropoles du pays.