Les années passent et le déficit d’information autour des Zones à faibles émissions reste abyssal. L’échéance de leur mise en place dans des dizaines de métropoles, qui va retirer à des millions de Français le simple droit de circuler en voiture, se rapproche pourtant : c’est pour le 1er janvier 2025 ! Or, une nouvelle enquête menée par l’institut CSA relève que la moitié des Français ignorent encore de quoi on parle… Un constat qui ne nous surprend malheureusement pas, à la Ligue de Défense des Conducteurs.
Les Zones à faibles émissions (ZFE), l’immense majorité de nos sympathisants les connaissent. Voilà des années que nous les informons et les alertons sur les conséquences sociales dramatiques de ce dispositif qui vise à interdire, dès 2025, l’accès à 43 métropoles à des millions de Français, dont le seul tort est de ne pas avoir les moyens d’acheter des véhicules plus récents que ceux qu’ils possèdent, jugés trop polluants. Ce travail de pédagogie en revanche, l'État le fait toujours aussi mal ! La preuve, une étude de l’institut CSA, qui vient d’être menée auprès de 10 000 personnes, vient à nouveau de révéler un inquiétant niveau de méconnaissance des ZFE, à dix-huit mois de l’échéance. Alors que certaines métropoles ont d’ores et déjà entamé le processus de mise en place, un Français sur deux ignore toujours de quoi on parle.
Nous avons retenu pour vous les informations les plus préoccupantes :
-Seuls 51 % des Français donnent une définition correcte d’une Zone à faibles émissions. Certes, on note une progression de 14 points par rapport à 2022 (merci les médias, mais aussi les associations comme la Ligue de Défense des Conducteurs, qui ne manquent plus une occasion de tirer la sonnette d’alarme). Mais la moitié de la population reste encore dans la plus totale ignorance du sujet. C’est grave.
-Seuls 36 % (7 % de plus par rapport à 2022) des Français connaissent la vignette Crit’Air de leur véhicule (graduées de 1 à 5, celles-ci indiquent le niveau de pollution de votre véhicule). C’est pourtant de ce petit autocollant, obligatoire pour entrer dans une ZFE, que va dépendre la liberté de mobilité de la population !
-51 % des personnes interrogées ne s’opposent pas à la mise en place des ZFE (enfin… pour celles qui en ont entendu parler !). Nouvelle raison de s’inquiéter : c’est 6 % de moins qu’en 2022. Donc mieux on est informés, plus on rejette cette mesure... Les plus réfractaires (62 %) sont évidemment les possesseurs de véhicules classés Crit’Air 4 et 5.
-36 % des Français directement concernés par les ZFE continueraient à utiliser leur véhicule même si celui-ci est interdit, quitte à prendre une amende. Parmi eux, 20 % ne croient pas à la mise en place de l’ensemble des ZFE d’ici à 2025.
-36 % des Français n’ont pas le moindre euro à dépenser dans un véhicule, neuf ou d’occasion. Les pouvoirs publics et métropoles ont beau mettre en place subventions, aides et autres prêts à taux zéro, quand on n’a pas d’argent du tout pour changer de voiture, ce n’est pas le fait qu’il ne reste « que » quelques milliers d’euros à consacrer à ce budget qui va changer les choses…
-4 Franciliens sur 10 ne savent pas qu’une Zone à Faibles Émissions est déjà en place dans leur métropole. Rappelons que le Grand Paris était censé, initialement, interdire l’accès aux véhicules à vignette Crit’Air 3 (les 4 et 5 sont déjà proscrites, sachant qu’un millier de PV à la volée ont déjà été distribués, la vidéoverbalisation n’étant toujours pas en place) dès mi-2022... À ce jour, on ne sait toujours pas trop si ce sera le cas en juillet 2023, ou fin 2024, c’est-à-dire après les Jeux olympiques.
Rappelez-vous : en juin 2021, la Ligue de Défense des Conducteurs avait publié une étude intitulée : ZFE : la Grande Cacophonie (téléchargeable gratuitement). Deux ans plus tard, on ne peut guère dire que leur instauration est mieux expliquée aux Français… Le temps de la transition, de toute manière mal anticipée, reste largement insuffisant pour ne pas laisser des citoyens sur la touche, en particulier les plus pauvres. Casse sociale assurée !
Ensemble, nous devons nous mobiliser pour empêcher que des millions de Français soient interdits de se rendre dans ces métropoles, pour y travailler, étudier, se soigner, faire leurs achats, aller au musée ou au restaurant, aller voir des amis et de la famille. Ensemble, nous devons obtenir la suspension de ces Zones à faibles émissions. Un report de cinq ans, c’est ce que demande donc notre pétition, qui a déjà recueilli près de 210 000 signatures. Ajoutez-y la vôtre !