L’intimidation des conducteurs et le renflouement des caisses de l’État sont les deux raisons d’être des voitures-radars privatisées. Conduites par des chauffeurs privés, celles-ci s’insèrent incognito dans le flot de la circulation pour détecter le moindre kilomètre-heure en trop. Facile de nous piéger ! Ce dispositif constitue le dévoiement ultime d’une pseudo-politique de sécurité routière et nous lutterons jusqu’au bout pour son élimination. En attendant, la Ligue de Défense des Conducteurs soutient le député Pierre Cordier, qui demande à l’État de « rendre obligatoire la signalisation des radars mobiles privés ».
« Il faut faire la chasse aux radars pervers ». Virulent, ce parlementaire qui nous incitait récemment à dénoncer les radars placés spécifiquement à des endroits non accidentogènes, mais prometteurs de retombées sonnantes et trébuchantes ! Comme si on l’avait attendu… Cependant, en la matière, les voitures-radars privatisées se révèlent plus encore que leurs homologues « fixes » destinées à faire du chiffre. Cela n’a pas échappé à un autre député, Pierre Cordier, qui remonte au créneau, après une première proposition de loi retoquée en 2021, et demande à nouveau à l’État de signaler ces véhicules dans la circulation. Si, à la Ligue de Défense des Conducteurs, c’est bien leur éradication que nous visons, nous soutenons évidemment les initiatives du député ardennais. Lesquelles, en cette fin d’année 2022, se déclinent en deux temps. D’abord, un amendement à la loi d’Orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (LOPMI) déposé le 7 novembre et qui sera débattu le lundi 14 novembre en séance. Après un exposé des motifs citant notamment les actions de votre association, Pierre Cordier, suivi par une vingtaine de ses collègues, demande purement et simplement que « D’ici 2024, les véhicules de contrôle de la vitesse [fassent] l’objet d’une signalisation spécifique de nature à permettre à tout conducteur de les identifier à l’œil nu en toutes circonstances. » Requête appuyée par une proposition de loi, déposée le 2 novembre et « visant à rendre obligatoire la signalisation des radars mobiles privés ».
Un dispositif lâche et anonyme
Qu'on leur mette un gyrophare, qu'on les peigne en orange ou en vert à pois roses, mais qu'on les voie, ces voitures conduites par Monsieur et Madame Tout-le-monde, qui seront 200 d'ici à fin 2023, 400 à terme ! Pouvoir les repérer dans le flot de la circulation permettrait déjà de moins stresser à l'idée de les croiser ou de les doubler, alors qu'on dépasse la vitesse autorisée d'un ou deux kilomètres-heure. Car rappelons au passage que 58 % des dépassements sont inférieurs à 5 km/h (et 95 % inférieurs à 20 km/h)… Rappelons aussi que ces véhicules ne flashent pas véritablement, puisque ce sont des caméras infrarouges qui opèrent. Donc, pas de petite lumière pour vous avertir. Vous ne serez prévenu que des semaines après, en recevant votre PV dans votre boîte aux lettres. Alors que vous aurez tout oublié des circonstances de cette infraction ! Pour le côté préventif, on repassera…
Voitures-radars privatisées = jackpot assuré
Alors que du côté du ministère de l'Intérieur, on se satisfait des résultats obtenus en matière de sécurité routière (on attend toujours les chiffres, demandés mais jamais récupérés, comme par hasard), c'est surtout en matière de rentrées financières qu'on doit se frotter les mains. Grâce aux maigres données diffusées ici et là par les préfets, nous avons réactualisé nos calculs sur la rentabilité des voitures-radars privatisées, qui roulent cinq fois plus longtemps avec des chauffeurs privés derrière le volant que lorsqu'elles sont conduites par des policiers ou des gendarmes. Nous avons établi que chacune d'entre elles, de "vulgaires" Peugeot 308, Renault Mégane ou Volkswagen Golf, pouvaient rapporter jusqu'à 600 000 euros nets par an ! Multiplié par 200, puis 400… Faut-il encore préciser que ces conducteurs lambda, payés pour fliquer leur prochain, n'ont aucune mission de sécurité routière ? S'ils repèrent un chauffard manifestement ivre, zigzaguant dans la circulation, interdiction de les interpeller !
Déclarées constitutionnelles, les voitures-radars privatisées n’ont définitivement rien à voir avec l’amélioration de la sécurité routière. La Ligue de Défense des Conducteurs n’aura de cesse de venir à bout de ce dispositif sournois, traquant anonymement automobilistes et motards dans le flot de la circulation. Nous soutiendrons donc tout projet qui visera à les affaiblir, avant de les voir disparaître.
De toute façon, nous n'avons pas fini de vous parler de ces voitures-radars privatisées. N'oubliez pas que pour porter votre voix, pour faire connaître votre point de vue sur cette répression automatisée stérile et aveugle, que ce soit auprès des parlementaires ou des médias, nous avons besoin de vous. Ce sont vos dons qui nous permettent de développer tous les moyens pour ne rien lâcher… La Ligue de Défense des Conducteurs n'est sponsorisée par aucune institution, publique ou privée, et c'est seulement grâce à votre générosité que nous parvenons à relever cet énorme défi. Si vous voulez nous soutenir, comme le font déjà nos 1 million de sympathisants, c'est par ici ! Merci mille fois pour votre action.